Comment faire ses courses en maniant à la fois un chariot et un fauteuil roulant ? Pour beaucoup, l'expérience est compliquée. Alors certains rivalisent d'inventivité pour proposer des solutions bien pensées. Le premier chariot Caddie (marque déposée) est né dans les années 60, en Alsace, pour le compte des enseignes de supermarchés. Depuis, la gamme s'est largement diversifiée et adaptée aux besoins spécifiques des clients. Il en existe pourvus d'un siège-bébé, des petits formats pour les enfants avec un fanion permettant de les repérer à distance, des chariots voiture pour les distraire mais également un modèle qui vient se clipser sur le fauteuil roulant : le handicaddie.
Rares en France
Une innovation vient de faire son apparition dans les rayons français. Il s'agit du Go to shop (distribué par Firefly), un chariot adapté aux personnes nécessitant un soutien postural. Il est doté d'un siège ouvert pour faciliter les transferts, d'un appui-tête, de supports latéraux réglables, d'un harnais à cinq points entièrement réglable. Plus de 3 500 d'entre eux sont disponibles à travers le monde, principalement dans les chaînes anglo-saxonnes. Encore rare en France, il a été testé avec succès par l'Hyper U Montmorot (Jura). Sabrina, maman de Lucia, 8 ans, atteinte d'encéphalite, témoigne dans Le progrès : « Il permet à l'accompagnateur de faire ses courses sans avoir à pousser à la fois un fauteuil roulant et un caddie. Maintenant, que ce soit pour un enfant ayant des difficultés motrices ou une personne âgée fatiguée, le magasin propose une solution très simple de fonctionnement. C'est un soulagement pour moi et pour Lucia qui est bien assise et en sécurité. ». Son fabriquant a mis en ligne une campagne dans laquelle il incite les clients à envoyer un mail à leur directeur de magasin pour réclamer l'acquisition de ce chariot adapté.
Des parents inspirés
Aux Etats-Unis, on innove aussi. Face aux difficultés, ce sont des parents qui ont imaginé un modèle adapté à leur fillette handicapée. Il a pris son nom : le « chariot de Caroline » (Caroline's Cart). La personne - de 15 à 113 kilos-, retenue en toute sécurité par des sangles, est assise face à celui qui pousse le chariot, ce qui facilite la communication. « L'enfant n'a pas accès à l'intérieur du panier et ne peut donc pas le vider. C'est vraiment génial », souligne Stéphanie Leclerc, une utilisatrice québécoise, maman de Sarah, 6 ans, qui souffre du syndrome Phelan-McDermid. Avec une autre maman, elles ont obtenu que le détaillant Walmart le mette à disposition dans leur magasin. Depuis, trois succursales de cette chaîne américaine ont, au Québec, fait l'acquisition de cinq de ces chariots. « J'aimerais que l'ensemble des commerçants du Québec soit au courant de l'existence de ce produit pour faciliter la vie de l'ensemble des familles qui prennent soin d'une personne à besoin particulier », explique à son tour Stéphanie Leclerc. Pour en assurer la promotion, elles ont créé une page Facebook dédiée.
Une invention française
La France ne manque pas non plus d'idées. En 2013, c'est un habitant de Tusson (Charente) qui invente un système pour les usagers en fauteuil roulant, et plus particulièrement sa femme, victime d'un AVC. Un curieux attelage où le fauteuil vient se fixer grâce à deux bouts de tube et quelques écrous devant le chariot. « Ça ne sert à rien de pleurer ou de se lamenter. Il faut réfléchir et avancer dans la vie », confie Olivier Romanillos, son inventeur, qui a déposé un brevet.
Un chariot autonome
Le futur chariot de supermarché sera-t-il autonome et connecté ? Nicolas et Vincent, deux jeunes ingénieurs français, ont imaginé iFollow, pensé pour les personnes valides mais particulièrement utile pour celles qui sont en situation de handicap (vidéo ci-dessous). Tout commence à la gare de Rennes où Vincent voit une personne handicapée tirer sa valise avec difficulté. Il songe tout d'abord à une valise autonome puis étend son idée au chariot de supermarché. Son prototype, à déplacement motorisé automatique, via une application dédiée, suit le client tout au long de son parcours d'achat. Il peut aussi, à partir d'un simple smartphone, le guider jusqu'aux articles souhaités, un service utile pour les clients mal ou non-voyants. En 2017, la start-up lance une campagne de financement participatif qui dépasse tous les objectifs. A quand cette belle option dans nos supermarchés pour alléger la corvée ?