Trop longue, cette jupe florale ne fera que ramasser la poussière. Hostiles, les bretelles ou le body à rentrer sous le pantalon. Encombrante, l'écharpe XXL se coincera plus d'une fois sous les roues… Quant à la salopette, certainement l'option vestimentaire la moins pratique ! En France, deux millions de personnes déclarent avoir des difficultés à s'habiller du fait de leur handicap. Bonne nouvelle : le label vestimentaire Bien à porter, mis en place par l'association COVER (Collectif autour du vêtement ergonomique), répond à leurs besoins en matière de mode. Le projet est en phase de développement.
Sélection directe en magasin
Le principe est simple : grâce à une étiquette visible, le Bien à porter identifie chaussures et tenues ergonomiques directement dans les boutiques. Les vêtements estampillés sont repérés en amont par une équipe d'ambassadeurs composée d'aidants, d'ergothérapeutes et de personnes handicapées. « Nous avons établi un cahier des charges très précis, en fonction de plusieurs critères comme la facilité d'enfilage, la qualité des tissus qui doivent respecter la sensibilité cutanée. Les coutures doivent être peu irritantes», précise Muriel Robine, à la tête du projet. Déjà plusieurs marques de prêt-à-porter sont partenaires, à l'instar de Camaïeu, Promod, Eram ou encore du groupe Happy chic (qui possède les marques Jules et Brice).
Pouvoir enfin choisir
Le concept de Muriel est né de plusieurs petits « déclics ». Surtout, ce sont des rencontres et un sujet de mémoire sur les outils d'inclusion des personnes handicapées qui lui ont donné l'idée de lancer un label. « J'ai une copine très à la mode, qui a toujours aimé s'habiller. Quand elle s'est retrouvée en fauteuil après un accident, elle s'est rendue compte qu'elle n'avait plus vraiment de choix ». Plus tard, dans un magasin Décathlon, Muriel rencontre la maman d'un garçon autiste. La plupart des personnes autistes ont une sensibilité cutanée très élevée. La jeune femme dit avoir du mal à habiller son fils et vient d'acheter dix exemplaires d'un tee-shirt thermoformé, sans coutures. « Je me suis dit que s'il existait un moyen de sélectionner et de repérer des vêtements qui conviennent aux personnes autistes, cette femme aurait pu avoir plus de choix et n'aurait pas eu à faire dix fois le même achat », explique Muriel.
Un site et un laboratoire vestimentaire
La réflexion aboutit d'abord à des articles publiés sur le blog coverdressing.com. Manteau boule, pantalon « casual chic », robe marinière… À la manière de blogueurs mode, les membres de COVER proposent des pièces à la fois dans l'air du temps et adaptées aux personnes en fauteuil. Aujourd'hui, le projet va plus loin : une application mobile et un site internet sont en cours de développement. Ils seront en ligne fin 2017. Un centre de tests au Havre ouvrira aussi en septembre 2016. « C'est une sorte de laboratoire vestimentaire où il sera possible d'analyser les vêtements, de tester leur compatibilité, leur confort…, souligne Muriel. Nous travaillons aussi en amont des collections, directement dans le siège des marques adhérentes ».
Faciliter les virées shopping
De leur côté, les vendeurs des magasins partenaires sont sensibilisés, grâce à une demi-journée de formation, à mieux écouter et conseiller la clientèle en situation de handicap. Des initiatives qui s'avèrent utiles pour les personnes non ou malvoyantes par exemple. À long terme, Muriel aimerait élargir la clientèle du Bien à porter et sélectionner les vêtements qui conviennent aux personnes âgées ou de petite taille, pour qui les coupes ne sont pas toujours adaptées. Une belle initiative qui prouve que mode et éthique peuvent faire très bon ménage.