Après une séance d'entraînement mi-mars avec sa nouvelle "famille" du Metro New York Amputee FC, dans un stade de Long Island, Juan Carlos Vargas, qui joue avec des béquilles depuis son amputation, se remémore pour l'AFP le chemin troublé parcouru ces dernières années. L'ancien joueur de deuxième division au Venezuela, du temps où il était encore valide, a d'abord quitté son pays pour l'Équateur, avant de s'installer au Pérou. C'est là qu'il a perdu sa jambe, après avoir été percuté par un camion.
Périlleuse traversée de la jungle
Cet homme athlétique de 41 ans s'est ensuite lancé, en béquilles déjà, dans la périlleuse traversée de la jungle du Darien, située à cheval sur le Panama et la Colombie, pour rallier il y a deux ans et demi les États-Unis, où il réside aujourd'hui légalement. Son statut d'immigré, l'optimiste Juan Carlos Vargas n'en parle pas. Pas plus qu'il n'évoque la politique du nouveau président américain, Donald Trump, hostile à l'immigration et qui veut expulser massivement les ressortissants étrangers en situation irrégulière.
La Coupe du monde des amputés en ligne de mire
"Ils m'ont ouvert les portes de la sélection nationale, ils veulent que je joue", insiste plutôt l'athlète, à l'issue de son entraînement dans un gymnase couvert de West Hempstead, avec plusieurs autres membres de la sélection nationale américaine. "On est en train de régler les questions administratives", assure le joueur qui rêve de participer à la prochaine Coupe du monde de football des amputés. Son pays, le Venezuela, l'a approché également pour intégrer sa sélection. "Mais comment faire si je ne peux pas sortir (des États-Unis) en ce moment ?", interroge-t-il. En attendant une hypothétique sélection officielle, Juan Carlos Vargas continue de se préparer avec l'équipe américaine deux fois par mois.
Une équipe unie par la résilience
Comme lui, tous ses coéquipiers évoluent les béquilles serrées entre les poings. Ils viennent du Salvador, du Honduras, du Costa Rica, du Sénégal ou encore des États-Unis. Certains ont perdu une jambe lors d'accidents de la route, d'autres dans un tremblement de terre ou en raison d'un cancer. "La seule personne qui peut comprendre quelqu'un qui vit sans un membre, c'est une autre personne qui vit avec cette différence", observe l'entraîneur de l'équipe, Jim Franks. "Le fait qu'ils puissent se retrouver avec des gens qui les comprennent et qu'ils fassent du sport, cela les rend heureux", ajoute-t-il. Juan Carlos Vargas, lui, croit en son étoile. "Je n'ai plus de limites", assure-t-il. Je suis arrivé ici, je suis en vie et, maintenant, j'avance."
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