Entre 8 et 11 millions de Français accompagnent un proche vivant avec des troubles psychiques. 60 % d'entre eux déclarent éprouver un stress intense ou présentent des symptômes dépressifs. Pour favoriser leur bien-être, le centre lyonnais des aidants en psychiatrie (Clap) du Vinatier et la fondation FondaMental ont lancé, le 19 mars 2025, Léo 2.0, un programme de psychoéducation numérique gratuit dédié aux aidants vivant avec des proches ayant des maladies psychiatriques (dépressions, troubles bipolaires, schizophrénies) ou des troubles du neurodéveloppement (autisme, TDAH, TDI...).
Des outils pour mieux accompagner son proche...
Outre un niveau élevé de stress, un aidant fait face à de nombreuses difficultés : isolement, épuisement physique et mental... Des obstacles qui peuvent avoir un impact conséquent sur leur vie professionnelle et sociale mais aussi sur leur relation avec l'« aidé ». Pour répondre à l'ensemble de ces besoins, Léo 2.0 s'articule autour de deux axes majeurs. Le premier ? « Mieux accompagner son proche », grâce à des outils et exercices pratiques pour comprendre ses besoins, l'aider à développer sa motivation vis-à-vis des soins, savoir réagir face à crise, repérer les signes d'une rechute et collaborer efficacement avec les soignants. La connaissance de ces éléments permet aux aidants de « gagner en assurance dans leur rôle », explique le Docteur Romain Rey, psychiatre responsable du Centre expert schizophrénie et du CLAP.
... et d'autres pour mieux communiquer et gérer son stress
Second objectif : prendre soin de soi, un « aspect souvent négligé par les aidants mais fondamental pour préserver leur santé mentale et physique », affirment les deux partenaires. Au programme notamment : des exercices de gestion du stress, comme la respiration et la relaxation. Par ailleurs, un accent particulier est mis sur l'apprentissage de techniques de communication adaptées pour favoriser les échanges avec leur proche, mais aussi avec les équipes médicales.
La déclinaison numérique d'un programme en présentiel
Léo 2.0 est la déclinaison numérique du programme Léo, créé en 2021 au sein de l'établissement Le Vinatier – Psychiatrie universitaire Lyon métropole. « Sa version en présentiel, structurée en huit séances, leur propose des espaces de partage et de convivialité, propices à l'échange d'expériences et de conseils avec d'autres familles confrontées aux mêmes difficultés liées aux troubles psychiques », indique Bénédicte Chenu, pair aidante famille, ayant participé à la construction des deux programmes.
Des outils concrets immédiatement applicables
La version « 2.0 » vise à fournir gratuitement et sans condition de diagnostic des outils concrets et immédiatement applicables dans la vie quotidienne, sans se déplacer. Elle répond donc particulièrement aux besoins « des aidants actifs, étudiants ou résidant dans des zones sous-dotées en professionnels de santé ». « Les modules sont conçus pour être suivis à tout moment et à son propre rythme, ce qui permet aux aidants de progresser en fonction de leur emploi du temps », précisent leurs concepteurs. « Après Léo, je me sens plus libre et moins coupable », témoigne François, 72 ans. « J'ai compris que je ne pouvais pas tout contrôler mais que je pouvais choisir ma façon d'être présente », confie, de son côté, Nadia, 47 ans.
La psychoéducation, c'est quoi ?
Qu'est-ce que la psychoéducation exactement ? Initialement, c'est un processus permettant à une personne de mieux comprendre sa maladie, via un apprentissage susceptible de modifier certaines représentations et/ou comportements. À travers ce programme, cette science sociale apporte aux aidants des outils pour préserver leur équilibre de vie et prévenir le burnout, « un phénomène malheureusement fréquent chez ceux qui consacrent une grande part de leur énergie à leurs proches », observe Dr Romain Rey.
Un processus efficace pour prévenir les rechutes
« La psychoéducation des aidants est aujourd'hui reconnue comme la seconde intervention la plus efficace dans la prévention des rechutes des personnes avec un trouble schizophrénique, juste après les traitements médicamenteux », précisent le Clap et la Fondation FondaMental, soulignant également son efficacité chez les patients avec des troubles bipolaires ou dépressifs. Pourtant, moins de 5 % d'entre eux en bénéficient actuellement. Ce constat souligne, selon eux, « l'urgence de développer et de compléter les dispositifs permettant de proposer cette intervention à tous les aidants, le plus tôt possible », en écho aux recommandations internationales.
Le soutien aux aidants, un enjeu de santé publique majeur
Leitmotiv ? « Soutenir les aidants ne relève pas seulement d'un impératif moral, c'est un enjeu de santé publique majeur. » Investir dans leur accompagnement, c'est « améliorer le bien-être de millions de personnes, renforcer l'efficacité des parcours de soins et, à terme, soulager notre système de santé, martèlent les partenaires. Il est temps de reconnaître pleinement le rôle des aidants et de leur donner les moyens de poursuivre leur engagement sans s'épuiser. Car en prenant soin des aidants, c'est toute la société qui en bénéficie ».
© Bongkarn thanyakijde Pexels
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