Emmanuel Macron a carte blanche pour achever le débat de l'entre-deux-tours qui l'oppose à Marine Le Pen le 3 mai 2017. Il choisit de s'adresser aux personnes handicapées. « Moi je veux, pour toutes celles qui vivent en situation de handicap, avoir des solutions pragmatiques. » Et de rappeler que la loi Travail qui fait l'objet de tant de critiques de la part de Marine Le Pen et qu'elle souhaite abroger a « proposé d'avoir dans l'entreprise quelqu'un qui vous aide à pouvoir intégrer une vie normale, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui ». Allusion au dispositif d'emploi accompagné mis en place en juillet 2016. Le candidat d'En Marche ! réitère par ailleurs son engagement à « revaloriser le montant de l'AAH, qui est aujourd'hui sous le seuil de pauvreté, » de plus de 100 euros par mois, soit environ 900 euros. Marine Le Pen lui fait alors remarquer, à juste titre, « qu'il le restera » puisque ce seuil est fixé à 1 008 euros en France, quand elle-même propose une revalorisation à 1 000 euros.
« L'une des priorités de mon quinquennat »
Emmanuel Macron déclare ensuite « ne plus vouloir de personnes vivant en situation de handicap qui soient sans solution » ; il s'engage à créer « tous les postes d'auxiliaires de vie scolaire pour que les jeunes enfants en situation de handicap puissent aller à l'école » et « les postes et les structures pour que les enfants, en particulier les jeunes autistes n'aient plus à aller à l'étranger pour pouvoir être en centres, lorsqu'ils sont obligés de l'être ». Et de conclure : « Ce sera l'une des priorités de mon quinquennat parce qu'aujourd'hui il y a des dizaines de milliers de nos concitoyens, au-delà des millions de personnes vivant en situation de handicap et leur famille, qui sont sans solution, livrés à eux-mêmes, à un quotidien auquel on n'apporte aucune réponse. Aucune ! »
La riposte de Marine Le Pen
Ce à quoi Marine Le Pen répond : « Si vous êtes tellement attaché au handicap, vous devriez regarder notre projet car, avec Nicolas Dupont-Aignan, je crois que nous avons le projet le plus complet, qui tient compte de l'intégralité des problématiques puisque j'ai intégré la proposition d'intégrer une part fiscale pleine pour un enfant en situation de handicap. Il y a ce qu'on promet et ce qu'on ne respecte pas, et notamment la loi de 2005 qui n'a jamais été appliquée par aucun gouvernement, même celui auquel vous avez participé et qui est une attente des personnes en situation de handicap. Vous dites qu'il faut des structures pour les enfants autistes, pour éviter de les voir partir à l'étranger, c'est une évidence. » À ce moment, le journaliste-modérateur du débat interroge la candidate : « C'est aussi votre carte blanche ? ». Marine Le Pen poursuit : « Aujourd'hui, les Socialistes ont donné beaucoup de leçons de générosité » mais « laissent bien souvent ces enfants en dehors de l'école parce qu'on nous explique qu'il n'y a pas assez de moyens. » Et la candidate d'embrayer aussitôt sur les thèmes de prédilection qui lui sont chers en déplorant que l'argent soit consacré au financement de l'immigration massive, à l'aide médicale d'Etat pour les clandestins…
Pourquoi ce choix ?
Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il choisi ce thème ? Interrogée par handicap.fr, Marie-Anne Montchamp, ex-secrétaire d'Etat en charge du handicap dans le gouvernement Sarkozy, qui a rallié en mars 2017 l'équipe de campagne En Marche ! explique que le handicap « est un axe politique qui est dans la cohérence du programme d'Emmanuel Macron, un sujet sur lequel il ne cesse de réfléchir. La vision d'une société qui se réconcilie avec elle-même, avec une dimension très forte de fraternité. »
Mais sur le fond ?
Tout au long de cette campagne, les personnes concernées ont regretté que leur situation n'ait été que trop rarement évoquée lors des débats télévisés. Ce point d'orgue des prises de parole, devant 15 millions de téléspectateurs, saura-t-il les rassurer, les satisfaire ? Première à réagir officiellement, la Fnath, association des accidentés de la vie, dit avoir « accueilli avec intérêt et satisfaction les déclarations du candidat Emmanuel Macron » et, sans donner de consigne de vote, encourage « toutes les personnes en situation de handicap et leur famille à ne pas abandonner les urnes ». Sur les réseaux sociaux, c'est le fond qui est mis en cause ; les internautes ne se bercent pas d'illusions et appellent à la vigilance…