Ils sont 36 000 établissements et services médico-sociaux à accueillir des personnes âgées ou adultes et enfants handicapés en France. Si des cas de maltraitance font régulièrement la une des médias (ou pas !), il s'agit souvent des situations les plus dramatiques qui sont loin d'être les plus répandues. Car, qu'elle soit active ou passive, la maltraitance peut revêtir de nombreuses formes : physique, médicale, psychologique, financière… Plus qu'une violence délibérée, ce peut être aussi un manque de soin, la solitude, des gestes sans empathie.
Un comité, et après ?
En janvier 2013, Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, réactivait le « Comité national pour la bientraitance et les droits des personnes âgées et des personnes handicapées » (article en lien ci-dessous), sans qu'on n'en ait, depuis, réellement entendu parler. Alors si les Pouvoirs publics se montrent discrets sur le sujet, des initiatives privées prennent parfois le relais. C'est pour sensibiliser à cette question l'ensemble des personnes concernées et promouvoir la bientraitance de manière systématique, qu'est lancé, en octobre 2016, le label Etablissement Bien Traitant®.
La culture de la bientraitance
C'est Anne Picard qui en est à l'origine. Depuis plus de 18 ans, elle s'investit dans la défense des droits de l'usager et la bientraitance dans les établissements sociaux et médico-sociaux. Elle a réalisé avec son équipe plus de 500 formations ou accompagnements. Bien que les acteurs concernés aient conscience de ces phénomènes, Anne Picard a constaté que les démarches en faveur du développement de la culture de la bientraitance restent encore balbutiantes dans de nombreux établissements. Ce label a donc pour objectif « de valoriser ceux qui mettent en place la politique publique et morale de qualité de service, de prévention et de gestion du risque de maltraitance et de développement de la culture de la bientraitance ».
Valoriser aussi les personnels
Il s'inscrit dans une démarche volontaire et est fondé sur les exigences des textes réglementaires et recommandations de bonnes pratiques de l'ANESM (Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux). Un comité éthique, composé de dix membres (directeurs de soins, éducateurs spécialisés, aidants…), permet de croiser les regards et opinions. En validant des pratiques de qualité mises en place par les professionnels, cette démarche met en avant les droits et le respect de l'usager mais elle contribue également à rassurer les familles pour lesquelles l'installation d'un proche dans un établissement est un acte difficile, voire culpabilisant. Ce label entend également valoriser le travail des personnels auprès de personnes vulnérables, difficile et exigeant. Il participe ainsi à créer le cercle vertueux de la bientraitance et contribue à la prévention des risques psychosociaux.
Une démarche en 6 étapes
Pour obtenir le label Etablissement Bien Traitant®, l'établissement doit respecter le cahier des charges en six étapes. Tous les deux ans, il s'engage à transmettre un tableau de bord de suivi. En cas de non-conformité, il a trois mois pour se remettre aux normes. Passé ce délai, il perd sa labellisation. En France, cinq établissements sont, à ce jour, entrés dans ce dispositif : deux en Martinique et trois en Haute-Loire.