Crèches mixtes : la solution ?

Depuis une vingtaine d'années, plusieurs crèches en France ont fait le pari de la " mixité " et accueillent également des enfants en situation de handicap. Preuve que la différence peut être reconnue et acceptée, et ce dès le plus jeune âge.

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Le « décret 2000-762 du 1er août 2000 relatif services d'accueil des enfants de moins de six ans, modifiant le code de la santé publique » oblige, en principe, tout établissement à accueillir des enfants handicapés. S'il convient d'encourager les parents à s'adresser à la crèche la plus proche de leur domicile en expliquant leur situation et leurs attentes, dans la réalité bien peu de centres d'accueil se mettent en conformité avec cette législation. En cas de refus, motivé par le seul argument du handicap, il est alors possible d'intenter une action en justice.

Des crèches innovantes

Pour éviter d'en arriver à de tels excès, quelques (trop rares !) crèches ou haltes-garderies s'engagent dans l'intégration, ou plutôt de la « non-exclusion » des enfants en situation de handicap. C'est notamment le cas des Galopins à Cergy (95), de Trotte-Lapins de l'APETREIMC (Paris 15), de la maison Dagobert (Paris), de la Maison des Poupies à Nantes, de la Souris verte à Lyon ou du Petit prince lumière (Paris 20). Cette dernière, par exemple, depuis sa création en 1993 à l'initiative de parents d'enfants handicapés, a accueilli 1020 enfants dont 145 handicapés. Elle intègre chaque jour 20 enfants de 1 à 6 ans, dont 30 % maximum en situation de handicap (déficiences motrices, mentales, sensorielles, troubles du comportement, autisme...), soit entre 65 et 75 enfants chaque année.

Peu de refus

Lieux de garde, de socialisation et d'éveil, ces structures accueillent les moins de six ans par demi-journées ou journées continues, en prenant le parti de la socialisation. Au delà de trois ans, scolarisation des enfants valides oblige, ne restent souvent que ceux en situation de handicap. On compte en général peu d'enfants trisomiques car ils sont en général bien intégrés dans les structures ordinaires. Dans les crèches visitées, peu de refus : quelques cas isolés d'enfants trop violents pour accepter les contraintes de la vie en groupe.

La même prise en charge pour tous

Dans ces établissements, il n'y pas d'aménagements ou de moyens spécifiques. Qu'ils soient handicapés ou non, les enfants reçoivent le même accueil. Tout est question d'état d'esprit. Le personnel doit faire preuve d'une certaine implication et d'une grande capacité d'adaptation. On compte une personne pour 5 enfants, ce qui permet de consacrer un peu plus de temps à ceux qui en ont besoin. Par petits groupes, ils s'adonnent à de nombreux ateliers, chacun à la mesure de ses moyens. Dans un tel contexte, l'enfant existe en tant que sujet et trouve sa place dans la collectivité. Au moment du repas, des précautions sont prises en cas d'allergie ou de régime alimentaires spécifiques et, lorsque l'enfant a du mal à manger seul, il est pris en charge par l'équipe.

Les contraintes de la vie en groupe

Evidemment, il y a parfois de heurts : les aléas de la vie en groupe ! Il faut alors encourager l'enfant handicapé à manifester son mécontentement quelle qu'en soit la manière, une façon de vivre d'autres expériences de motivation sensorielle. Mais à l'inverse, il doit aussi apprendre à gérer ses frustrations. La vie en société, c'est aussi accepter de se soumettre au « non » et certains d'entre eux n'y sont pas toujours bien préparés. Les intégrations demandent parfois du temps car, pour la plupart, les enfants handicapés n'ont jamais connu que le milieu familial et doivent donc s'habituer à cette promiscuité bouillonnante. A l'inverse, pour faciliter l'insertion, on prend la peine d'expliquer au reste du groupe que leurs camarades ont parfois du mal à faire certaines choses, qu'ils ne sont pas tout à fait comme eux. On ne nie pas la différence, on l'explique ! La présence de ces enfants « différents » n'est pas considérée comme une charge mais comme un enrichissement. Apprendre la tolérance, le respect de l'autre et participer au changement des mentalités, c'est l'objectif  principal de telles initiatives.

Contacts

  • - Les Galopins (Cergy-Village - 95): 01 30 75 21 73
  • - Les Trotte lapins (Paris 15): 01 42 50 00 93
  • - Le Chalet (Paris 10): 01 42 06 44 00
  • - Ram'dam (Paris 18): 01 42 62 14 55
  • - Maison Dagobert (Paris 12): 01 40 02 04 88
  • - Petit prince lumière(Paris 20) : 01 43 61 64 00
  • - Jardin d'enfants de l'école Gulliver (Paris 12): 01 43 46 25 20
  • - La Maison des poupies (Nantes): 02 51 82 37 93
  • - Une Souris verte (Lyon): 04 72 12 12 20
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