L'une des premières questions qui se posent pour établir une bonne relation est de savoir COMMENT PARLER DU HANDICAP. La plupart des travailleurs handicapés ont adopté une ou plusieurs stratégies - parfois opposées - en fonction des situations, et sont prêts à les revoir pour avancer.
1 Lors de mon entretien d'embauche pour mon poste actuel, j'ai annoncé d'emblée mon handicap, en précisant quelles étaient les situations d'échec (téléphone, réunions...), mais surtout, en appuyant sur le fait que je n'avais pas besoin de ces capacités à tout prix pour mon poste, et en expliquant comment je compensais (par e-mails). Cela s'est très bien passé.
2 Je ne parle jamais de mon handicap, sauf à l'embauche ou à la médecine du travail. Les personnes ont assez de problèmes personnels pour rajouter les miens. J'ai un peu honte de dire que je ne peux pas lever les
bras pour atteindre certains objets, et des fois je le fais même si cela est déconseillé.
Tout ce qui ne se voit pas est difficile à expliquer !
3 Je n'accepte d'en parler qu'aux gens qui comprennent et ne me considèrent pas comme quelqu'un de différent. Avec ces gens-là, nous en plaisantons quelquefois et cela me permet de rester naturelle. À eux, je peux dire la vérité, comment je me sens, si de nouveaux problèmes sont apparus, si j'ai besoin d'aide pour réaliser telle ou telle chose. Ils me voient telle que je suis, n'ont pas oublié celle que j'étais et sont toujours présents, les jours « avec » comme les
jours « sans ».
4 Le plus important à mes yeux est d'arriver à faire lever la barrière du malaise en parlant de mon handicap à l'équipe. En général les gens sont très mal à l'aise face au handicap, plus mal à l'aise que nous même,surtout quand il est reconnu après l'embauche. Je tâche de leur montrer que ce n'est pas une barrière en soi, que ça n'empêche pas de réfléchir, que ça n'empêche pas de pouvoir faire son boulot, qu'on peut soi-même en rire. On ne se rend pas vraiment compte de ce malaise. C'est alors qu'il peut y avoir un décalage : on n'est pas sur la même longueur d'onde, on comprend les choses différemment, et cela peut créer un conflit.
5 Je parle couramment de mon handicap autour de moi et aide les personnes malentendantes comme moi à se faire appareiller. Dans mon travail, j'avertis toujours que je suis sourd afin que les personnes avec qui je converse puissent comprendre que parfois j'ai du mal à interpréter leurs propos.
6 Ayant un handicap inné de nature cognitive je parle assez facilement de mon handicap aux gens selon leur degré de tolérance. Si j'ai un bon feeling avec une personne j'en parle spontanément, en revanche si je sens une crainte chez mon interlocuteur par rapport au handicap, je n'en parle pas. Je fais ce que j'ai l'habitude de nommer du « cousu main », c'est-à-dire que j'adapte mon discours en fonction de mon interlocuteur et peux parler de mon handicap sans mentionner le nom de ma pathologie.
Le regard du coach
Le regard que l'on porte sur soi n'est pas toujours bienveillant, loin s'en faut. Ce faisant, nous nous jugeons de manière plutôt négative, nous rejetons ce que nous n'aimons pas en nous, nous le nions, avons tendance à le cacher. Et nous empêchons ainsi une part de nous-même d'exister. Mais s'épanouir, professionnellement ou personnellement, n'est-ce pas justement tenter d'exister, le plus pleinement possible ? Alors peut-être devrions-nous nous entraîner à changer de regard, à nous accepter, à parler, de manière à trouver une place et des relations qui nous conviennent...
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