Dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans des congrès scientifiques, la kétamine est sur toutes les lèvres. Mais alors, que faut-il vraiment savoir de cette molécule, définie comme « substance aux propriétés hallucinogènes et dissociatives » par l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives : miracle ou mirage ? Handicap.fr tente d'y voir plus clair dans une vidéo explicative à retrouver sur Handicap.live et les réseaux sociaux d'Handicap.fr.
Développé dans les années 1960
Initialement développée comme anesthésique dans les années 1960, utilisée jusqu'en médecine vétérinaire, la kétamine a vite trouvé des usages inattendus. Aujourd'hui, elle séduit le secteur de la psychiatrie notamment grâce à ses effets rapides sur la dépression résistante. Elle a également fait ses preuves sur certaines douleurs chroniques (liées à la sclérose en plaques ou à la fibromyalgie par exemple). Elle peut désormais être prescrite en traitement de deuxième intention pour des patients vivant avec une dépression sévère et qui ne répondent pas aux différents protocoles thérapeutiques.
Agit rapidement
Contrairement aux antidépresseurs classiques qui peuvent mettre plusieurs semaines à agir, la kétamine montre ses premiers effets très rapidement. C'est ce qui en fait une option particulièrement intéressante pour les patients. « La kétamine peut représenter un véritable espoir, mais elle n'est pas sans risques et doit être administrée dans un cadre strictement médical », d'après Philippe Fossati, chef du département de Psychiatrie Adulte de l'hôpital de la Pitié Salpêtrière AP-HP et auteur d'une étude sur le sujet en collaboration avec des chercheurs de l'Inserm, du CNRS et de Sorbonne Université.
Des sensations de dissociation
Biologiquement, son action est différente de celle des antidépresseurs. En effet, elle agit via le glutamate, un neurotransmetteur clé de la plasticité cérébrale, favorisant de nouvelles connexions neuronales. « Ce qui peut entraîner des sensations de dissociation, souvent perçues comme étranges mais non désagréables par les patients », d'après le Professeur Fossati.
50% à 60% d'efficacité
Malgré son efficacité avérée (50 à 60% de réussite sur des dépressions résistantes, d'après le Professeur Fossati), la kétamine nécessite une surveillance accrue en milieu hospitalier pour prévenir les effets secondaires et tout risque d'addiction. Aucun usage hors protocole médical n'est sans danger, chaque cure étant précisément dosée et suivie. Or, la popularité médiatique de ce produit, y compris grâce à des personnalités comme Elon Musk qui en a fait la promotion, a également contribué à donner une image exagérée de la « molécule miracle ».
Quelles limites ?
La kétamine comporte des limites : effets secondaires, potentiel de dépendance, et nécessité d'une surveillance médicale étroite. De son côté, l'Observatoire français des drogues et des conduites addictives alerte sur un changement de représentation de cette drogue longtemps jugée dangereuse, aujourd'hui banalisée. Un phénomène accentué par « la disponibilité du produit croissante, via une baisse des prix, la multiplication des réseaux d'approvisionnement et une meilleure accessibilité ».
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