Kenza Chaal, handicapée : le revers du sport de haut niveau

Elle rêvait d'olympisme mais le revers de sa médaille, c'est un handicap à vie, pour avoir mis son corps à rude épreuve pendant plusieurs années. Aujourd'hui, Kenza Chaal souhaite libérer la parole sur les risques du sport de haut niveau.

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« Ça passe ou ça casse. » C'est en ces termes qu'un médecin de la Fédération française de cyclisme résume sa vision de la rééducation face à Kenza Chaal, espoir du BMX freestyle français, blessée à plusieurs reprises. À tout juste 20 ans, et malgré plusieurs alertes répétées, la jeune femme frôle la paraplégie après des années de pratique intense. « Ça a commencé par des douleurs en bas du dos », douleurs qui ont, en fait, révélé une hernie discale avec un syndrome de la queue de cheval, une urgence médicale et neurochirurgicale qui entraîne une compression des nerfs de la moelle épinière. Celle qui commence cette discipline (désormais) olympique à l'âge de 10 ans, au skatepark de Sérignan (Hérault), est vite repérée et entame un parcours en sport-étude. 

Un déni persistant et de lourdes séquelles 

C'est à 15 ans que les premières gênes apparaissent. Elle alerte sa kinésithérapeute et le staff médical de la Fédération française de cyclisme, sans plus de réaction. Des séances d'ostéothérapie, prises à titre personnel, la soulagent un temps avant que la situation ne s'aggrave, nécessitant une première opération. Au total, la jeune femme subit pas moins de quatre interventions chirurgicales. L'avant-dernière la conduit au centre de rééducation de Capbreton, le CERS. Elle y reçoit, non pas une rééducation du dos comme prévu mais, selon ses dires, une « réathlétisation » qui n'aurait pas été adaptée à sa condition physique. Ce déni répété a entraîné de graves séquelles : difficultés urinaires, de mobilité, paralysie d'un petit doigt de pied, dos fragilisé à vie...

Un « monde de requins »

La reprise d'un sport de haut niveau est impossible pour Kenza qui refuse, de toute façon, de réintégrer « ce monde de requins ». « Ils m'ont tout pris, je n'ai pas de travail, plus de vie sociale. Alors même que je leur ai tout donné et que j'ai porté haut les couleurs de la France », se désole-t-elle. Et de se remémorer des championnats durant lesquels elle « roule avec des traumas crâniens, des cotes fêlées » sans jamais se plaindre. De son côté, la Fédération française de cyclisme a réagi par la voix de son Directeur technique national, Florian Rousseau : « La pratique de haut niveau amène parfois des blessures, mais nous ne pouvons pas dire que nous n'avons pas soutenu Kenza. La priorité de la fédération, c'est de parler de santé physique et mentale avant de parler de performance. » Aujourd'hui, Kenza tente de se reconstruire, de reprendre ses études et de libérer la parole sur les risques du sport de haut niveau. 

Envie d'en savoir plus ? Découvrez son interview en vidéo ci-contre, mais aussi sur Handicap.live et les réseaux sociaux de Handicap.fr.

© Images personnelles Kenza Chaal

Kenza avec un casque noir et un pull rouge, sur son vélo.
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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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