Handicap mental : éviter des morts abjectes !

Décès, homicides, suicides... Combien de morts sordides faudra-t-il pour que les pouvoirs publics se saisissent de la problématique du vieillissement des personnes handicapées mentales ? A la faveur d'un tragique fait divers, l'Unapei s'insurge !

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Une actualité sordide a fait la une des médias cette semaine. Un homme handicapé mental de 49 ans se serait laissé mourir après le décès de sa mère en 2011. Il aurait été retrouvé momifié dans son appartement parisien avec, à proximité de son corps, le certificat de décès de sa mère avec qui il vivait. Cette histoire tragique ne relève pas uniquement du fait-divers et soulève une question plus vaste sur le devenir des personnes handicapées mentales vieillissantes.

Suicides et morts dans l'indifférence


Faute d'autonomie suffisante ou de places d'accueil, un grand nombre d'entre-elles n'ont jamais cessé de vivre auprès de leurs parents. Lorsque ces deniers avancent en âge, que faire ? Cette problématique conduit parfois à des situations dramatiques : des parents âgés désespérés qui tuent leur « enfant » handicapé, des suicides ou des morts abjectes... Dans l'isolement et l'indifférence la plus totale.

« Notre société est coupable ! »


Confrontée à cette situation de manière récurrente, l'Unapei profite de cette révélation tragique pour faire entendre sa voix. « Ce n'est malheureusement pas un cas isolé, s'indigne Christel Prado, présidente de l'Unapei. Il est même emblématique. Nous alertons les pouvoirs publics depuis des années sur l'avancée en âge des personnes handicapées mentales et le manque de solutions. Après l'ESAT (nouvelle appellation des Centres d'aide par le travail), elles retournent chez leurs parents qui ne sont plus en âge de s'occuper d'elles. Et lorsqu'ils disparaissent, elles sont livrées à elles-mêmes. Notre société est coupable ! »

Une espérance de vie augmentée


L'espérance de vie des personnes handicapées mentales connait une croissance équivalente à celle des personnes dites « valides ». Si une personne trisomique ne pouvait espérer vivre plus d'une trentaine d'années dans les années 70, elle atteint aujourd'hui aisément plus de 60 ans. Cette longévité concerne toutes les personnes handicapées mentales, quelles que soient la nature et la gravité du handicap. On la doit aux progrès de la médecine mais aussi aux formes d'accompagnement spécialisé et de prévention développées par les associations, et principalement par l'Unapei.

Qui s'occupera de moi ?


Face à cette nouvelle donne, l'accueil et l'accompagnement pour les personnes handicapées mentales vieillissantes doivent être adaptés. Or, aujourd'hui encore, c'est loin d'être le cas ! L'angoisse des parents, des frères, des sœurs, des personnes elles-mêmes est criante. Les parents s'inquiètent du devenir de leur enfant lorsqu'ils ne seront plus en mesure de l'aider. Les frères et sœurs s'interrogent sur leurs responsabilités lorsque leurs parents disparaitront. Les personnes elles-mêmes craignent pour leur avenir : « Après mes parents, qui s'occupera de moi et qui prendra soin de moi ? »

30 000 places à créer


En 2008, l'Unapei recensait, dans son réseau, 30 000 personnes handicapées mentales vieillissantes dans l'impasse et réclamait un plan de création ou d'adaptation de places. Quatre ans après, aucune réponse n'a été apportée, et les drames se succèdent. L'association exige donc des pouvoirs publics (gouvernement et conseils généraux), un programme de création ou d'adaptation de 30 000 places pour mettre fin à ces situations dramatiques.

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