Mais pourquoi voler ?
Il n'a pas manqué de détracteurs à ces « merveilleux fous volants » quand ils ont décidé de piloter ! A quoi bon évoluer dans les airs si on ne peut pas profiter du paysage ? Hé bien, tout simplement, parce que pour des non-voyants, c'est le seul endroit où ils puissent piloter un engin. Vous avez essayé de conduire une voiture ou une moto sans visibilité aucune ? Le ciel est un espace où les aveugles et les malvoyants peuvent mener leur appareil d'un point A à un point B, et ce grâce à l'aide visuelle de leur partenaire. Et puis l'aviation, c'est aussi le plaisir de préparer le vol sur les cartes (adaptées et en relief), de sortir l'appareil du hangar et d'en faire le plein, d'effectuer les opérations radio
Pilotes à part entière
Bien sûr, les pilotes non ou malvoyants n'auront jamais droit qu'au titre d'élève pilote, ne sont jamais seuls à bord et ils resteront sans doute toujours des pilotes accompagnés, mais quelle importance comparé au plaisir de voler ! Les vols s'effectuent, et c'est toute la différence avec la pratique de cette activité par des personnes handicapées des membres inférieurs, sur des appareils de type standard. Deux types d'adaptations spécifiques sont cependant nécessaires. Tout d'abord, les adaptations pédagogiques, puisqu'il faut transcrire en Braille, avec schémas et dessins en relief, ou en caractères agrandis, tous les documents de cours et de vol. Un travail sur maquettes est également indispensable. Et puis, il faut penser aussi à adapter la transmission des informations nécessaires en vol.
Comment on vole ?
Le rôle de l'instructeur ou du pilote voyant sont bien évidemment essentiels. C'est eux qui, en quelque sorte, prêtent leurs yeux à leur collègue. Ils le renseignent oralement sur la position de l'avion dans l'espace, sur l'état des paramètres de vol ou des paramètres moteur, mais ils n'interviennent pas en lui disant « quoi faire ». Le pilote est simplement placé dans les mêmes conditions qu'un « voyant » qui doit réagir à ses observations visuelles pour adapter la configuration de sa machine ou réajuster les paramètres du vol. Le « voyant » est également, et ce n'est pas le moins important, en charge de la sécurité du vol. Car si le ciel est un espace de liberté, il faut bien sûr éviter tout incident avec les autres appareils qui partagent cet espace.
Des stages, de l'initiation au perfectionnement
Il s'agit, pour le moment de stages de pilotage d'avions et de planeurs, mais l'association est ouverte à toutes les disciplines aéronautiques lorsque la demande existe. Afin d'être le plus efficace possible, les responsables ont opté pour de petits groupes, de 2 à 7 personnes, encadrés par des professionnels de l'enseignement aéronautique. Autant que possible, les lieux sont choisis en fonction d'un certain nombre de critères qui facilitent l'activité : piste longue et « en dur », peu de trafic radio, et lorsque c'est possible, proximité des lieux de restauration et d'hébergement. Les stages s'adressent pour l'instant aux adultes, qu'ils soient aveugles ou malvoyants. Cependant, il n'est pas impossible d'imaginer qu'ils s'ouvrent aux jeunes et aux adolescents dès que les moyens financiers le permettront. La participation se situe dans une fourchette comprise entre 530 et 763 , selon la durée, les avions ou planeurs mis à disposition et l'hébergement.