Vote mardi de la loi sur le handicap: premier bilan des associations
PARIS, 14 juin 2004 (AFP) - Avancées sur le droit à compensation du handicap, insatisfaction sur les ressources des personnes et la scolarisation,
les associations d'aide aux personnes handicapées tirent un bilan en nuances de la loi qui doit être votée mardi à l'Assemblée nationale en première lecture.
Les progrès, selon les associations, portent d'abord sur la prestation de compensation qui doit prendre en charge les surcoûts liés au handicap: "Avant, elle était sous condition d'âge et de ressources. On nous dit qu'à terme, elle
sera sans condition d'âge ni de ressources", se félicite la présidente de l'association des paralysés de France (APF), Marie-Sophie Desaulle.
"L'accessibilité est l'autre avancement", selon Mme Desaulle, avec notamment "un délai de dix ans" pour l'adaptation de tous les lieux recevant déjà du public, les dérogations devant être "exceptionnelles".
"Souvent, on pense à la mairie, mais il y a aussi tous les commerces, tous les cinémas et les transports publics", souligne-t-elle.
Pour l'APF et d'autres, le "manque révoltant" porte en revanche sur les revenus d'existence des personnes, notamment celles qui ne peuvent pas travailler (revenus à distinguer de la prestation de compensation, qui finance par exemple l'achat d'un fauteuil roulant ou l'aménagement d'une maison).
"Actuellement pour ces personnes, les ressources d'existence c'est l'allocation adulte handicapé (AAH, minima social de 587,74 euros par mois)", selon Mme Desaulle qui affirme que l'AAH ne sera pas revalorisée. "Ce qui veut dire que les personnes vont vivre en dessous du seuil de pauvreté".
"Double inscription"
"Pire, il y a un recul pour les personnes qui ont cette allocation et qui vivent à domicile. Elles avaient un complément d'allocation de 90 euros. Ce complément va être supprimé. La somme qui était versée par l'Etat va servir à financer la prestation de compensation", selon l'APF.
Autre polémique: l'association pour adultes et jeunes handicapés (Apajh) demande le retrait de l'amendement sur la double inscription scolaire pour les élèves handicapés, à l'école du quartier et dans un établissement spécialisé.
"C'est un recul par rapport à l'intrégration en milieu scolaire ordinaire", selon le président de l'Apajh Fernand Tournan.
"Nous ne disons pas qu'il faut que tous les enfants handicapés aillent en école ordinaire", précise-t-il, estimant cependant "que l'on pourrait doubler le nombre d'enfants handicapés scolarisés en école ordinaire", qui sont actuellement environ 80.000 (et quelque 115.000 dans les établissements spécialisés).
Plus radical, le collectif des démocrates handicapés (CDH) déplore le fait que "les députés vont adopter le 15 juin un texte dénué d'ambition, écrit dans l'urgence, sans aucune volonté budgétaire".
Déjà adopté par le Sénat début mars, le texte "devrait repasser en deuxième lecture en octobre. Cela laisse la possibilité de l'améliorer", affirme la présidente de l'APF.
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