Autisme : anomalie de la reconnaissance de la voix humaine dans le cerveau
Par Brigitte CASTELNAU
PARIS, 20 août 2004 (AFP) - Une anomalie de la reconnaissance de la voix humaine, observée dans le fonctionnement cerveau d'autistes, grâce à des techniques d'imagerie, expliquerait une partie des difficultés des relations sociales des personnes atteintes par ce trouble du développement, selon une étude.
L'étude, publiée dans le mensuel Nature Neuroscience d'août, révèle une incapacité des autistes à activer les zones du cerveau spécifiquement dédiées à la reconnaissance de la voix humaine. Elle a été menée à Orsay (région parisienne) par l'équipe de Monica Zilbovicius (Inserm-CEA, service hospitalier Frédéric Joliot) en collaboration avec l'université de Montréal.
L'autisme, qui touche des dizaines de milliers de personnes en France, des garçons dans quatre cas sur cinq, est une pathologie du développement se caractérisant par des difficultés des relations sociales.
Des études comportementales avaient permis d'observer un déficit dans la perception de la voix humaine.
Pour préciser les bases cérébrales de cette anomalie, les chercheurs d'Orsay ont étudié à l'aide de l'imagerie fonctionnelle (IRM fonctionnelle ou IRMf) comment le cerveau des sujets autistes adultes percevait la voix humaine par rapport à d'autres sons.
La voix est un "stimulus auditif riche en informations sur l'identité et l'état émotionnel de l'interlocuteur", soulignent-ils. La voix est aussi riche en informations "non-verbales: elle constitue un véritable "visage auditif" que nous savons interpréter. Nos capacités à percevoir ces informations vocales jouent un rôle crucial dans nos interactions sociales", expliquent-ils.
L'activité cérébrale de cinq autistes adultes et de huit volontaires sains a été enregistrée alors qu'ils écoutaient des séquences de sons alternant voix humaine (parole, cri, rire, pleur, chant) et d'autres bruits "non vocaux" (animaux, cloches, instruments de musique, voitures etc.).
[BB]élaborer des stratégies de rééducation[EB]
"Les résultats révèlent chez les autistes une absence d'activation de l'aire spécifique de la perception de la voix ("aire de la voix")", notent les chercheurs.
Chez ces autistes, les régions du cerveau activées sont exactement les mêmes, qu'ils entendent des voix humaines ou d'autres sons (musique, voitures etc.)
D'ailleurs quand on leur demande "qu'avez-vous entendu pendant l'examen?", les autistes ne rapportent que 8,5% de sons émanant d'une voix humaine (contre 51,2% pour les témoins), confirmant leur faible capacité à reconnaître les voix humaines.
De précédentes études avec l'IRM fonctionnelle avaient déjà révélé chez eux un dysfonctionnement comparable pour la reconnaissance des visages.
"Ces anomalies du traitement de la voix et des visages suggèrent que les difficultés des autistes à comprendre l'état émotionnel d'autrui et à interagir avec lui pourraient être liées à un déficit de la perception des stimuli-sociaux", notent les chercheurs.
La mise en évidence de ces déficits de perception "pourrait permettre d'élaborer des stratégies de rééducation" adaptées, suggèrent les auteurs de l'étude, financée par la Fondation de France et la Fondation France-Télecom (mécénat autisme).
Créé en 1911 par le psychiatre suisse Eugen Bleuler, le terme d'autisme s'applique aussi bien à l'adulte qu'à l'enfant. L'autisme infantile précoce a été identifié et décrit comme une maladie spécifique en 1943 par le psychiatre américain Leo Kanner.
Dès 12 mois, plusieurs signes devraient, selon les spécialistes, alerter : l'absence de babillage, de geste du doigt pour désigner un objet ou de signe de la main pour dire au revoir.
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