Les personnes handicapées se mobilisent jeudi pour être 'citoyens à part entière'
Par Emmanuelle TRECOLLE
RENNES, 6 sept 2005
[BC][EC]Un rassemblement est prévu à 10h00 à Paris devant le ministère de la Santé, ainsi que plusieurs manifestations dans les régions, "dans la mesure où nous aurons les moyens de venir", a souligné avec malice Valérie Meurou en présentant, mardi à Rennes, cette journée.
[BC][EC]L'APF réclamera principalement que les "décrets d'applications de la loi handicap du 11 février 2005 soient conformes aux attentes des personnes handicapées", notamment en ce qui concerne l'accessibilité et la prestation de compensation.
[BC][EC]Pouvoir accéder à tous les bâtiments comme aux transports en communs reste "une lutte au quotidien", témoigne Mme Meurou, assise dans son fauteuil roulant. La nouvelle loi handicap fixe un délai maximum de 10 ans pour la mise en accessibilité des immeubles existants, mais l'APF craint que la loi ne permette trop de dérogations, notamment à caractère économique.
"Pourtant, ce qui nous facilite la vie facilite aussi la vie des personnes âgées et des mères de famille", rappelle Valérie Meurou qui énumère tous les lieux inaccessible pour une personne en fauteuil roulant : cinémas, préfectures, mairies... "Il n'y a qu'en restant chez soi qu'on n'a pas de problème", renchérit André Renault, lui aussi en fauteuil roulant.
[BC][EC]"Prêt à porter et sur mesure"
[BC][EC]Pour Sandrine Baot, jeune handicapée moteur, cette loi handicap est une déception car "les ressources ne changent pas". En effet, selon l'APF, les bénéficiaires de l'Allocation adulte handicapé (AAH, 600 euros), et de la majoration vie autonome (100 euros), ne gagneront que six euros de plus qu'auparavant.
[BC][EC]Le ministère avait estimé début juillet que quelque 130.000 personnes handicapées qui ne peuvent pas travailler pourraient bénéficier d'une garantie de ressources allant jusqu'à 766 euros mensuels.
[BC][EC]Les adhérents de l'APF s'inquiétent également de voir l'Allocation compensatrice tierce personne (ACTP) remplacée par un système forfaitaire de compensation: "Si on n'entre pas dans la bonne catégorie, on n'a droit à rien", estime Valérie Meurou. "On va vers une déshumanisation. On sera catégorisé par pathologies. Cette loi nous propose du prêt à porter alors qu'il nous faut du sur-mesure".
[BC][EC]"C'est un peu angoissant" que les pouvoirs publics "ne prennent pas en compte les besoins réels des personnes handicapées", témoigne Sandrine Baot.
Pour l'APF, chaque personne doit pouvoir choisir comment elle souhaite vivre, à domicile ou en établissement, par exemple.
[BC][EC]Fruit de plus d'un an de consultations et de travaux parlementaires, la réforme de la loi d'orientation de 1975 établit le principe que "toute personne handicapée a droit à la solidarité nationale". Après son vote au Parlement le 3 février, le président Jacques Chirac avait appelé "à la mobilisation de tous" pour l'intégration des personnes handicapées, l'un des trois grands chantiers de son quinquennat.
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