Bien que le handisport soit en pleine émergence, il reste assez peu pratiqué même si cette situation peut paraître paradoxale pour la nation qui a remporté le plus grand nombre de médailles aux derniers Jeux Paralympiques d'Athènes.
La Chine, qui tient à conserver cette place, doit faire face à de nombreuses difficultés pour préparer ses athlètes en vue des Jeux de Pékin en 2008. L'une d'elles réside dans le repérage des athlètes, leur suivi et bien évidement leur équipement. Mais il y a un autre challenge auquel doit répondre le Comité paralympique, c'est la demande croissante du nombre des pratiquants et la variété toujours plus importante des disciplines à mettre en oeuvre.
Quand on parle d'activité physique, ce sont les activités artistiques qui viennent à l'esprit des Chinois : danse, acrobatie et toutes les spécialités du cirque ou du music hall. Cela peut nous étonner, mais il existe en Chine des troupes artistiques uniquement composées de personnes handicapées qui atteignent le niveau de performance des professionnels et vivent de tournées nationales et internationales. Nous avons pu en voir un exemple exceptionnel à Paris lors des Trophées de L'ADAPJH avec des extraits époustouflants de la « Déesse aux milles mains » dansés par une troupe de jeunes filles sourdes et muettes. Elles ont fait une tournée internationale dont les médias se sont largement fait l'écho.
Le niveau de participation des personnes handicapées à la vie culturelle du pays est totalement inimaginable en France, et j'irai même jusqu'à dire, dans le reste du monde. Ces troupes s'entraînent dans des conditions de professionnalisme absolu et sont choyées au même niveau que des athlètes de haut niveau. Pour en revenir au handisport proprement dit, le Comité paralympique de Chine gérait 12 disciplines à Athènes, toutes choisies du fait du peu d'aides techniques qu'elles nécessitent.
Aujourd'hui, le Comité doit faire évoluer quelques vingt disciplines. Cela peut sembler une peccadille pour un tel pays, mais la réalité est tout autre car du fait de la dispersion des pratiquants et de l'absence d'un réseau de clubs, il est très difficile de les sélectionner et de les suivre.
De plus, le nombre de pratiquants par discipline n'est pas toujours suffisant pour pouvoir organiser des compétitions. Pas de championnat de Chine ou de Coupe de Chine mais des compétitions régionales sont régulièrement organisées par discipline.
Le tennis de table est l'un des domaines dans lequel la Chine excelle aujourd'hui et les meilleurs pongistes participent régulièrement à des compétitions à l'étranger.
Le basket en fauteuil roulant est l'autre discipline maîtresse et la principale équipe, qui est basée à Pékin, vise un podium aux Jeux. Pour réussir à atteindre le plus haut niveau, les athlètes doivent faire preuve d'une grande détermination puisqu'ils doivent généralement se tenir eux-mêmes au courant de la date et du lieu de ces compétitions, tout en s'entraînant le plus souvent seuls. Certains d'entre eux profitent quand même des services bénévoles d'entraîneurs, bien que ces derniers ne bénéficient d'aucune spécialisation handisport.
Tous les quatre ans, la Chine organise une vaste campagne de sélection sur l'ensemble du pays pour repérer les meilleurs compétiteurs. C'est l'occasion pour les villes concernées de rendre leurs structures sportives accessibles. En règle générale, l'accès à ces dernières est plutôt facilité et le handisport progresse inexorablement en Chine. On peut à juste raison s'interroger sur les performances qu'atteindront des athlètes handicapés lorsque cette activité aura atteint sa maturité. En attendant, on constate que la progression est déjà boostée par le nombre de personnes handicapées qui, déjà très important, ne va faire que croître avec la modernisation de la société.
Aujourd'hui le Comité paralympique chinois concentre tous ses efforts dans la préparation des Jeux Paralympiques, tant au niveau des performances qu'au niveau des structures puisque cette compétition représente une opportunité unique pour construire et réhabiliter des gymnases, des stades et se mettre aux normes d'accessibilité. Mais ce dont a d'abord besoin ce Comité, c'est d'argent et dans ce domaine pas plus que dans la vie quotidienne des personnes handicapées, les moyens sont au rendez-vous. Et si, dans la plupart des pays le handicap n'est pas considéré comme une préoccupation majeure, c'est encore plus prégnant quand la population ordinaire dépasse de loin le milliard d'habitants et que la pauvreté s'étend dans les campagnes.
Pourtant, malgré les obstacles, nous voulons tenir le pari que la Chine sera, une fois de plus, sur le podium et sera à cette occasion un exemple pour ses millions de handicapés qui vivent en marge de toute insertion. JMMC