Dire ou pas son handicap à l'employeur, un casse-tête pour les personnes handicapées
Par Martine VERON et Christine BERTRAND-NIELSEN
PARIS, 11 nov 2006 -
[BC][EC]"Mon handicap ne se voit pas, alors je n'en parle pas", confie "X" à l'AFP, un jeune demandeur d'emploi de 30 ans, victime d'un accident de la route, qui demande l'anonymat. "Le regard de l'autre est difficile, les préjugés sont toujours là. Si vous êtes handicapé, vous êtes forcément moins compétent".
[BC][EC]"Je n'ai pas de problèmes pour parler de mon handicap, ça peut arriver à tout le monde !", déclare en revanche Malek Aitoukli, qui a quitté son emploi de chauffeur de taxi à cause de problèmes de dos. "Je vois des avantages à être inscrit" à l'agence ANPE Handipass, la seule en France spécialisée dans le reclassement des travailleurs handicapés.
[BC][EC]Dire son handicap, c'est déjà l'assumer soi-même. Ce n'est pas si évident lorsque le handicap n'est pas visible, et "X" laisse apparaître son énervement lorsqu'on lui dit que la reconnaissance du handicap pourrait l'avantager dans sa recherche d'emploi, la loi pénalisant les entreprises qui ne remplissent pas le quota de 6% de salariés handicapés.
[BC][EC]Dire son handicap, c'est aussi prendre le risque de ne jamais recevoir de réponse à ses envois de CV.
[BC][EC]Un testing réalisé en 2004 par l'Observatoire des discriminations (Paris 1) a montré que pour un même poste un candidat handicapé ne recevait que cinq convocations à un entretien d'embauche contre 75 pour un candidat sans handicap.
[BC][EC]Pour Jean-François Amadieu, président de l'Observatoire, les personnes handicapées sont "victimes des préjugés liés à l'apparence".
[BC][EC]C'est pour cela que Malika Akli, 35 ans, docteur en Histoire, a caché sa maladie invalidante. "Quand je suis rentrée chez Total, j'ai caché ma maladie, j'ai dit que j'avais eu un accident de voiture pour expliquer les trous dans mon CV". "Les employeurs ne sont pas prêts", estime-t-elle, "ils doivent changer leur regard sur le handicap".
[BC][EC]Mais son histoire le montre. Il est difficile de tenir le coup en cachant ses absences, la fatigue subite, les arrêts maladie.
[BC][EC]"Pour certains types d'emplois, comme les emplois commerciaux ou en contact avec la clientèle, vous êtes clairement discriminés si vous prévenez sur votre CV que vous avez un handicap, mais aujourd'hui, on observe que, pour d'autres emplois, les entreprises assujetties à l'obligation d'embauche de personnes handicapées vont vous privilégier", estime M. Amadieu.
[BC][EC]Il cite le cas d'entreprises qui souhaiteraient inscrire sur leur offre d'emploi la mention "handicapé souhaité". "Elles m'ont demandé si cette offre était discriminatoire, mais puisque la loi les oblige à un quota de salariés handicapés, pourquoi pas?", ajoute-t-il.
[BC][EC]Depuis la loi Handicap de 2005, qui aggrave les pénalités des entreprises, "c'est peut-être une bonne stratégie d'être transparent, surtout lorsqu'on postule dans une grande entreprise", estime-t-il.
[BC][EC]Mais cela comporte un risque d'être "stigmatisé": "le plafond de verre (qui bloque la progression de carrière d'un salarié pour des raisons discriminatoires) existe aussi pour les personnes handicapées", reconnaît M. Amadieu.
[BC][EC]"Il faut jouer la transparence", estime aussi Didier Arnal, directeur général de l'Apajh (adultes et jeunes handicapés): "l'entreprise doit connaître la situation".
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