Mais existe-t-il des différences entre handis et valides ? Si oui, dans quels sens iront ces dissemblances ? Quelles peuvent en être les conséquences ? Autant de questions que l'auteur de l'étude « Optimal » a cherché à répondre.
De telles informations s'avéreraient très précieuses et permettraient de mettre en place un programme de préparation mentale optimisé pour les handisportifs.
Plus de 500 questionnaires ont été remplis de par le monde par des sportifs et non sportifs valides et handis. Cinq aspects de la force mentale pouvant présenter des différences ont été pris en compte : Hardiness (concept qui mesure la force mentale dans la vie de tous les jours), Soutien social (amis, famille et autres), Mental Toughness (force mentale appliquée spécifiquement au sport), Estime de soi et Social Physical Anxiety (anxiété liée au regard perçu dans l'environnement social à propos de notre apparence physique).
Les résultats indiquent que les sportifs (handis ou valides) ont des scores supérieurs aux non sportifs.
Et entre valides et handis ?
A niveau de performance égal, l'hardiness, l'estime de soi et le soutien social sont identiques. Ces résultats soulignent davantage de ressemblances que de différences.
Cependant, cette étude révèle aussi quelques particularités :
- Premièrement, les handis non sportifs gèrent majoritairement mieux leur apparence physique que les valides non sportifs. En effet, ils trouvent des modèles de référence différents et mieux adaptés. Ils ont cessé de se comparer à des idéaux sociaux inatteignables comme peuvent le faire de nombreux valides.
- A l'opposé et même si ce n'est qu'une légère tendance, les handisportifs ressentent davantage d'anxiété par rapport à leur apparence physique. Le contexte du sport où le corps est une notion centrale et ouverte à une forte évaluation sociale, peut altérer la gestion de l'apparence physique, même très modestement.
- Les handis ont davantage de soutien provenant de leur entourage familial.
- On note aussi une grande importance accordée au « challenge » par les handisportifs. Ceux qui recherchent davantage de challenge dans leur pratique ont une force mentale supérieure et donc de meilleures performances. Chez les valides, c'est surtout les résultats sportifs obtenus (les performances) qui influencent la force mentale.
- Pour finir, les handisportifs ont un niveau de visualisation inférieur à celui des valides. Même si cette méthode a pourtant largement prouvé son efficacité, tant chez les valides que les handis, les recherches indiquent que cette différence serait avant tout le résultat d'un manque de pratique et d'accès à ce type de technique dans le milieu du handisport.
Les programmes d'entraînements mentaux pour handisportifs doivent être identiques à ceux appliqués aux valides, mais il existe certaines différences dans l'apprentissage et l'application de quelques techniques qu'il faut prendre en considération. Connaître ces caractéristiques permet d'optimiser toute intervention visant à travailler sur le mental.
Aujourd'hui, on se pose une nouvelle question au sujet d'un jeune handisportif: « Est-il handicapé ou trop capable ? » (Is he disabled or too-abled?). O. Pistorius souhaite être le premier handi-athlète à concourir contre des valides aux J.O de Beijing. Mais, malgré son haut niveau de performance, sa participation est refusée à cause de ses prothèses considérées comme un avantage injuste sur les autres coureurs. Un tel exemple signe probablement l'aube d'un changement radical de pensée.
La psychologie du sport se doit de s'adapter à ce nouveau type de sportifs de haut niveau. Le chemin pour obtenir un programme équivalent et adapté pour tous les athlètes est encore long, mais la voie est ouverte et les perspectives offertes ne peuvent être qu'encouragées.