VIENNE, 14 juin 2008 (AFP) - Installés aux premières loges, à quelques mètres de la ligne médiane, les supporteurs handicapés, parés des couleurs de leur équipe préférée, peuvent vivre la fièvre du football comme les valides pendant les matches de l'Euro-2008.
Coupe-files aux contrôles de sécurité, rampes d'accès, personnels d'accompagnement, les organisateurs ont essayé de leur faciliter l'accès aux stades. Le tout à un tarif préférentiel.
Les places de catégorie une, en principe à 110 euros, à quelques mètres du milieu du terrain, ont été vendues au prix d'un siège en virage, soit 45 euros. Et en plus, l'accompagnateur rentre gratuitement.
La plate-forme "football4all", chargée par l'UEFA de vendre les tickets auprès des handicapés, dispose d'un contingent de 10 à 40 places par match pour les personnes en fauteuil roulant et de 10 places pour les aveugles. Ces tickets sont partis comme des petits pains.
"C'est le rêve pour les accompagnateurs", acquiesce Enrico Zeyen en repliant sa canne blanche.
Pour lui, le plus important n'est pas la proximité du terrain, mais le petit récepteur radio qui pend autour de son cou. Mais M. Zeyen ne suit pas le match sur une station lambda.
De l'autre côté du terrain, dans la tribune de presse, deux journalistes diffusent sur les ondes courtes un commentaire spécialement destiné aux aveugles.
"En général, les commentateurs ne parlent pas assez à mon goût, en particulier à la télévision. Là, c'est plus vivant", estime M. Zeyen.
"Nous parlons non-stop pendant 90 minutes"
"Nous cherchons à restituer l'ambiance de la manière la plus visuelle possible. Il faut rappeler en permanence où est la balle. Et quand le jeu est interrompu, on peut décrire ce que fait l'entraîneur. A-t-il les mains dans les poches ? S'énerve-t-il sur le bord du terrain?", explique Florian Prates, employé par la radio locale Antenne Steiermark.
"On ne peut pas se permettre de se taire 30 secondes. Cela paraît comme une éternité. Nous parlons non-stop pendant 90 minutes", explique-t-il.
Son compère allemand, Markus Bliemetsrieder, avec qui il se relaie toutes les cinq minutes, a un peu plus d'expérience. Il suit depuis 2005 les matches des clubs allemands de Dortmund et Bochum et a également donné de la voix lors du Mondial-2006 en Allemagne.
"Nous avons même un fan-club à Dortmund et 30 aveugles abonnés. Au début, on se réunissait après chaque match pour avoir leurs impressions afin d'améliorer notre commentaire", souligne-t-il.
Ce service est proposé pour tous les matches de l'Euro en Autriche, grâce à l'engagement du directeur du tournoi, Christian Schmölzer.
"On aimerait bien obtenir un tel service en Autriche après l'Euro, au moins pour les matches internationaux et les rencontres de Ligue des champions", espère Enrico Zeyen.
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