Créée en 2001 après cinq années de mise en place, l'association
Tourisme et Handicap a développé un cahier des charges pour permettre aux
personnes en situation de handicap l'accès aux vacances et aux loisirs. Les 6
années qui viennent de passer ont vu la labellisation de plus de 2500 lieux en
France (restaurants, gîtes, chambres d'hôtes, musées), dans les départements
qui se sont impliqués dans la démarche.
Dérogations possibles
La loi "Handicap" de Février 2005 sur
l'accessibilité des Etablissements Recevant du Public (ERP) prévoit, pour les
hébergements, une obligation d'avoir fait réaliser un audit d'accessibilité
pour les personnes handicapées avant la fin de l'année 2010. La conformité des
locaux devra être effective avant la fin de l'année 2015. Cette accessibilité
concerne tous les handicaps : moteur, sensoriel, visuel et mental. Les seules
normes quantitatives sont celles du handicap moteur : 1 chambre adaptée pour
moins de 20 chambres au total, 2 chambres pour 21 à 50 chambres, et 1 chambre
par tranche de 50. Toutes les prestations prévues par l'établissement doivent
être accessibles, ainsi que toutes les activités énoncées dans son programme.
Des dérogations sont cependant possibles et accordées par les préfets de
département à partir de 3 critères : structure du bâtiment rendant impossible
ces aménagements, sites classés, disproportion entre le coût des travaux et le
résultat final. Une collectivité publique ne peut accorder de subventions que
si l'audit d'accessibilité a été réalisé et ses préconisations prises en
compte.
Au-delà du cahier des
charges
Alors quelle est la place du label Tourisme et Handicap
aujourd'hui ? Quel avenir pour l'association qui le porte ? Pour la base (les personnes sur le terrain
qui enquêtent et font les préconisations en vue de l'obtention du label), les
avis sont partagés. D'un côté, il y a ceux qui pensent qu'il faut élever les
critères du cahier des charges. La direction de l'association pense que le
Label Tourisme & Handicap doit progresser au delà du cahier des charges,
rattrapé par les dispositions de la loi de 2005. Pour Jean-Paul Cournet, «
labellisateur » dans les Hautes-Pyrénées : « Rien ne remplacera une visite, un
diagnostic et des recommandations. Il faut que le Label Tourisme et Handicap
reste un label de qualité, permettant aux personnes en situation de handicap
d'être sûres d'être bien reçues, dans des conditions d'accessibilité optimales.
Mais je ne pense pas que les critères d'obtention du label doivent être durcis
dans l'immédiat. Laissons quelques années passer, pour voir comment va se
mettre en place la loi. Les
audits d'accessibilité seront exécutés par des bureaux certifiés, type VERITAS,
et par des architectes ; ils délivreront une attestation d'accessibilité ; exit
la visite administrative de fin des travaux ! Nous verrons ce qu'il en est... »
Budget limité
Pour d'autres, le label est appelé à disparaître : si
les critères d'attribution sont durcis, il y a fort à parier que les
prestataires seront rebutés, même les plus motivés. Ajouter d'autres conditions
pour être labellisé peut être contre-productif. D'autant qu'il semble que
l'Association Tourisme et Handicap marche dans le brouillard : les ministères
concernés par la démarche sont aux abonnés absents, et le budget de
l'association est fortement limité. Le label Tourisme et Handicap vit peut-être
ses derniers moments, après une action en demie teinte, tant il existe de
différences d'un département à un autre, au niveau du nombre de sites
labellisés et au niveau de l'interprétation du cahier des charges Tourisme et
Handicap : il y a encore beaucoup de sites estampillés « Tourisme et Handicap »
qui sont en dehors des critères...
Pierre Bardina