ESC Grenoble, credo diversité !

L'Ecole supérieure de commerce de Grenoble a signé une convention qui formalise le plan d'actions baptisé 'La différence n'est pas un handicap'.Entretiens avec son directeur, Jean-François Fiorina, et Stéphanie Mahue, chargée de mission ha

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Handicap.fr : Quel est l'objectif de cette convention, signée par l'ESC avec 10 entreprises le 30 janvier dernier ?
Jean-François Fiorina : Faciliter la formation et l'insertion professionnelle des personnes handicapées et aider les entreprises à remplir leurs obligations légales, alors que seules 12% des personnes en situation de handicap ont un diplôme de l'enseignement supérieur.

H : Quel est le profil des entreprises qui se sont engagés à vos côtés ?
JFF : De très grandes sociétés mais plutôt au niveau local, impliquées dans cette problématique depuis longtemps. Elles espèrent, par ce biais, recruter leurs futurs employés handicapés. Mais nous avons également des demandes pour du personnel déjà intégré qui, avec un niveau Bac + 2 ou 3, souhaite évoluer vers des postes de managers.

H : De quelle manière ces entreprises s'impliquent-elles ?
SM
: Des bourses d'études peuvent être proposées dans le cadre des accords prévus avec l'Agefiph pour le soutien à l'enseignement supérieur. Mais au-delà de l'aspect financier, ces entreprises proposent également des stages.

H : Pourquoi une telle initiative en faveur de l'intégration des étudiants handicapés ?
Stéphanie Mahue : Notre école souhaite être au plus près des besoins du monde de l'entreprise. La loi de 2005 a accru cette exigence d'emploi des personnes en situation de handicap et nous avons décidé de nous engager dans cette voie. Nos programmes étaient évidemment ouverts à tous mais, par le bais de cette convention, nous les rendons encore plus accessibles et nous communiquons désormais intensément sur notre engagement.

H : Y en avait-il déjà dans votre établissement ?
SM
: Nous avons, il y a quelques mois, lancé une enquête anonyme à destination de nos 1500 étudiants. Et sur 800 réponses, seule une vingtaine s'est déclarée en situation de handicap, par exemple sensoriel ou avec des maladies invalidantes. Mais nous ne savons pas qui ils sont ! On est encore dans une phase de non-dit ! Je crois qu'ils attendent de voir la portée de nos actions et l'étendue notre implication.

H : Est-il nécessaire de les identifier ?
SM : Pas forcément mais il est vrai que nous leur proposons désormais un accompagnement pour faciliter leurs études : en termes d'accessibilité des locaux mais aussi pour bénéficier d'un tiers temps supplémentaire lors des partiels ou de temps de repos. A la rentrée 2009, chacun recevra une fiche sur laquelle figure cette mention. Libre à eux alors de se manifester.

H : Ce qui signifie que vous n'avez, pour le moment, aucun étudiant avec un handicap visible ou déclaré ?
SM : En effet. Mais les choses vont évoluer. Nous avons la réputation d'être ouverts à la diversité. Nous avons déjà accueilli des sportifs de haut-niveau qui exigeaient déjà des aménagements dans leur prise en charge. Nous adapter, nous savons faire !

H : Depuis l'annonce de cette convention, avez-vous été sollicités par des postulants en situation de handicap ?
JFF : C'est encore trop tôt. Il faut compter au moins un an avant que les choses ne se mettent en place et que l'information circule. Mais nous avons déjà pu constater sur les salons que notre initiative suscitait un réel intérêt.

H : Avez-vous le sentiment d'être des précurseurs, notamment par rapport à d'autres grandes écoles de commerce ?
SM : Oui, je crois que nous sommes assez novateurs en matière d'handi-accueil. C'est évidemment « dans l'air du temps » mais en France, on est en retard sur tout. Les entreprises recherchent ce type de compétence. Il y a un réel débouché. Alors ce sont des petites actions localisées comme la nôtre qui vont permettre de faire évoluer les mentalités.

H : Est-ce que l'image du handicap, pas toujours bien perçue par le grand public, ne vient pas un peu altérer l'image de marque d'une école de commerce ?
SM : Votre question me surprend. Le handicap n'est pas contraire à la performance. . Notre école est vraiment portée par le désir d'ouvrir ses portes au plus grand nombre. Alors si d'autres ont des préjugés sur le handicap et le jugent dévalorisant, ce n'est vraiment pas notre cas.

H : Ce type de propos vous choque ?
SM : Oui, vraiment car il ne faut pas oublier que 85 % des personnes handicapées le deviennent au cours de leur vie professionnelle. Nous sommes donc tous des handicapés potentiels. Et le handicap, ce n'est pas seulement être en fauteuil roulant.

H : Ne pourrait-on pas vous reprocher une forme de discrimination positive ?
JFF : Nous ne souhaitons pas,  sous couvert d'équité, créer de l'inégalité. Même si l'ESC réservera 5 places à la rentrée 2009 à des étudiants en situation de handicap, après de nombreux débats, nous ne désirons pas mettre en place une politique de quota, qui deviendrait en effet un acte de discrimination positive.

H : Vos étudiants « valides » pourraient-ils vous reprocher de favoriser l'intégration de candidats au seul prétexte qu'ils sont handicapés ?
JFF : L'innovation et la diversité, c'est notre marque de fabrique alors pour le moment nos étudiants n'expriment aucune crainte à ce sujet.

H : Quels sont vos ambitions dans les années à venir ?
JFF : Faire connaître nos dispositifs de formation et intensifier la qualification de travailleurs handicapés bien formés mais sans emploi. Proposer à tous nos étudiants de belles perspectives de carrière, sans discrimination. Nous sommes fiers de cet engagement même si les choses ne sont pas facile

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