CHOISY-LE-ROI (Val-de-Marne), 17 mai 2009 (AFP) -
"Avec Mickaël, j'ai établi une relation de confiance. On fait des ateliers de cuisine, je m'assure qu'il lave son linge et qu'il l'étend. Maintenant, il se prend en charge: il prend les transports en commun seul, il prend ses rendez-vous seul", explique son éducateur, Ibraïm Traoré, employé au Service d'accompagnement médico-social pour adulte handicapé (Samsah) de Valenton (Val-de-Marne).
Depuis octobre 2008, ce centre inédit en France vise à aider les adultes autistes à s'insérer socialement grâce à une prise en charge à domicile, mais aussi en les accompagnant dans des activités sportives, culturelles ou d'intégration dans la vie professionnelle.
Mickaël, brun et mince, a un sourire gêné lorsque sa mère Joëlle, qui souhaite taire son nom de famille, vante son "potentiel". Il travaille depuis
12 ans au service voirie d'une mairie.
A l'âge de 25 ans, âge maximal d'accueil dans son précédent institut, il s'est retrouvé en dehors de toute structure. Ensuite, soupire sa mère, "on a eu beau frapper à toutes les portes..".
Et Mickaël a fini par "se recroqueviller sur lui-même". "C'était dur à vivre", raconte sa mère, qui souligne le "confort retrouvé" et la "reprise de contact" avec son fils, depuis qu'il est suivi par le Samsah.
Pendant près de dix ans, ses parents avaient cherché un centre adapté au jeune homme. La difficulté pour le couple: "Mickaël rejette les structures où il se trouve avec des personnes lourdement handicapées", explique la dynamique quinquagénaire.
Au Samsah, l'originalité réside dans un "service à la carte" car "l'autisme est un spectre", qui recouvre une large palette de troubles comportementaux, selon la directrice, Marie-Christine Salvia. Vingt adultes âgés de 18 à 53 ans sont actuellement pris en charge par cette structure.
Pour les autistes dits de haut niveau comme Mickaël, "qui ont conscience de leurs troubles et se considèrent comme différents mais pas handicapés", "le problème c'est la relation aux autres, donc nous avons mis en place une relation d'amitié", dit Mme Salvia.
La prochaine étape vers l'autonomie pour Mickaël sera de quitter en 2010 le domicile familial pour emménager seul dans un studio à Créteil, géré par une nouvelle structure d'accueil du Samsah. Il continuera à y être suivi au quotidien par l'équipe de professionnels du centre.
"Je ne m'y vois pas encore", dit le jeune homme, qui a des difficultés à se projeter dans le temps.
Comme tous les parents d'handicapés qui ont connu la pénurie de centres adaptés, à l'approche de la retraite, ses parents s'inquiètent pour son avenir après leur décès. Et tentent de lui faire prendre conscience de cette échéance. "Avant, Mickaël me disait : +je quitterai la maison quand tu seras vieille, à 60 ans+ et maintenant que je les approche, il pense qu'on va passer notre retraite ensemble!", rit la mère.
"Si le diagnostic n'avait pas été posé si tard, on aurait pu éviter à Mickaël beaucoup de souffrances", regrette-t-elle derrière un sourire pudique.
mb/im/ag
Par Marjorie BOYET
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