Paris, 2 oct 2009 (AFP)
L'arrivée des GPS, d'internet et de logiciels comme ceux de synthèse vocale a rendu considérablement plus autonomes les personnes aveugles et personnes malvoyantes et a également renforcé leur souhait de trouver une place dans la société loin de l'image parfois misérabiliste du passé.
En témoigne le slogan "changeons de regard !", choisi pour les journées nationales des associations d'aveugles et malvoyants samedi et dimanche, qui se veulent désormais surtout des moments d'information, même si la générosité publique y est encore sollicitée.
"L'aide de l'Etat va aux personnes handicapées visuelles, les associations ont besoin des dons effectués pendant ces journées, mais nous souhaitons aussi dire que nous sommes de réels citoyens", explique Philippe Chazal, président du CNPSAA (Comité national pour la promotion sociale des aveugles et des amblyopes), regroupant 27 associations, organisateur des journées.
"La quête, la petite canne blanche accrochée au revers de la veste des donateurs, c'est une image trop désuète que nous voulons modifier", confirme Philippe Paugam, vice-président de l'association Valentin Haüy.
"Nous sommes au tout début d'une ère de progrès de plus en plus importants pour les déficients visuels", explique Benoît Billat, rééducateur de locomotion à Toulouse, spécialisé dans l'usage de la canne électronique.
Il forme en 15 heures à l'usage de cette technologie, apparue en France en 2001, des déficients visuels, "des actifs qui ont déjà une bonne autonomie de déplacement" âgés de 18 à 65 ans.
"Attention, la canne électronique ne remplace pas la canne blanche traditionnelle mais vient en complément, prévient-il. Selon les modèles, son faisceau va balayer entre 6 et 14 mètres devant l'aveugle et Benoît Billat forme "à interpréter la vibration de l'appareil de manière spatiale".
En évitant l'objet (vélo, poubelle, mobilier urbain) situé sur le parcours du déficient visuel au lieu de le toucher, la canne électronique "fluidifie son déplacement et offre sur le long terme une économie de concentration", explique-t-il.
Fernando Pinto da Silva, veut lui aussi changer les choses. "Nous n'avons plus besoin de la charité publique, nous existons, nous pouvons vous apporter des choses", explique-t-il, son chien-guide à ses pieds. Il rappelle qu'internet "a tout révolutionné, permettant aux personnes handicapées visuels de lire les journaux, faire les courses, de +regarder+ la télévision".
Salarié de l'association Valentin Haüy, il y dirige le Centre d'évaluation et de recherche sur les technologies pour aveugles et mal-voyants.
A la tête d'une équipe de 4 salariés, il teste et suggère aux fabricants des améliorations favorables aux handicapés visuels sur les logiciels de revue d'écran ou d'agrandissement, les enregistreurs numériques...
Ses recommandations ont été prises en compte par le fabricant français d'un GPS grand public. "C'était un produit pas tout à fait pour nous mais qui devenait très intéressant avec une commande vocale. Le fabricant a tenu compte de nos avis et compte désormais 30% de déficients visuels parmi ses clients", se félicite-t-il.
Mais il rappelle aussi que l'amélioration des conditions de vie des déficients visuels (1,7 million de personnes, dont 207.000 malvoyants profonds ou aveugles) dépend aussi d'une volonté publique de mettre en place des mesures simples d'accessiblilité. Et il indique que les sites gouvernementaux pour les services à la personne ou pour Pôle emploi sont toujours inaccessibles aux malvoyants.
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