La maison universelle fait débat !

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L'amphithéâtre du campus des Cordeliers de Paris fait le plein. Un auditoire étonnamment jeune, composé d'ergothérapeutes, d'architectes, d'enseignants, de sociologues, de kiné... Professionnels impliqués dans un défi majeur de notre société : inventer la maison de demain, accessible à tous et modulable au fil des étapes et des accidents de la vie. C'est à l'initiative de Leroy Merlin et de l'ADERE (Association pour le développement, l'enseignement et la recherche en ergothérapie) que cette journée d'étude a vu le jour.

Un engagement inédit de Leroy Merlin
La grande enseigne de bricolage s'implique de manière certainement inédite pour promouvoir des produits et des services pour les personnes en situation de handicap ou âgées. En 2005, « Leroy Merlin source » voit le jour, qui réunit chercheurs, enseignants et professionnels. Le pôle « Habitat et santé » met alors en place une gamme de produits spécifiques, du nom d'Adapt, propose des services adaptés dans ses magasins (places réservées, chariots clipsables sur un fauteuil roulant, boucles magnétiques pour malentendants...) et forme régulièrement ses vendeurs. Une récente enquête menée par l'IFOP auprès des 400 collaborateurs sur le thème « La représentation du handicap et de la vieillesse » a permis de faire un bilan sur la prise en charge de cette clientèle par le personnel des magasins.

Une révolution nécessaire
Ce sont Pascal Dreyer, chargé de mission, et Marie-Reine Coudsi, responsable de Leroy Merlin source qui ouvrent ce colloque. Selon cette dernière, « l'habitat est au centre de la vie des Français. Nous donnons donc à nos 17 000 collaborateurs des clés pour aider tous nos clients dans cette question complexe. C'est une réelle ambition publique que nous défendons. Nous devons inventer la maison de demain, plus saine et plus facile à vivre. » Un même confort pour tous est devenu une priorité, au même titre que l'adaptation de l'habitat aux exigences environnementales, qui a motivé la création d'un second pôle « Habitat sain et durable ». Patrick Gohet, qui assume depuis peu la présidence du CNCPH (Conseil national consultatif des personnes handicapées), est venu en renfort prêté son soutien à ce qu'il considère comme une « révolution nécessaire qui ferait de la personne handicapée un citoyen ordinaire », regrettant le retard de la France dans ce domaine par rapport à d'autres pays comme la Suède.

Des experts au franc parler
Plusieurs intervenants portent un éclairage sociologique, technique ou tout simplement personnel sur le sujet. Régis Herbin, architecte et expert en accessibilité, évoque sans langue de bois les incohérences architecturales et « l'inconvenance de nos lieux de vie », taclant au passage les « stars de l'architecture » qui se plaignent que la loi de 2005 « handicape leur créativité ». Marcel Nuss, écrivain, conférencier, formateur spécialisé dans l'accompagnement à la personne parle de ce qu'il connaît. Il vit en fauteuil électrique et définit l'habitat comme un « sur obstacle quand il devrait faire corps avec son occupant. »
Serge Laurent, quant à lui, professeur en génie électrique, consultant domotique, défie les institutions : « L'habitat universel ne serait pas une utopie si ce n'était pas une non priorité politique. » En 1993, il a conçu à Niort, « une maison trait d'union » avec des aménagements facilitant la vie de tous ses occupants, projet pilote vendu aux Espagnols, aux Québécois, mais qui n'a jamais intéressé les Français.

Question d'argent
L'après-midi est consacré à trois ateliers thématiques : « Habiter chez soi tout au long de la vie », « Organiser les espaces intérieurs » et « Rendre accessibles les parties communes ».
Les questions soulevées lors de cette journée vont bien au-delà de la seule sphère du handicap ou de la vieillesse. A l'heure où quatre générations vivent parfois sous le même toit, où les familles recomposées doivent se retrouver dans un même espace, où le travail à domicile se généralise, c'est toute la question du logement qui doit être repensée. L'enjeu, c'est de faire cohabiter tous ces besoins pour un coût au m2 identique. Défi insensé ? A fortiori lorsqu'on sait qu'un grand nombre de personnes handicapées vivent en dessous du seuil de pauvreté, dans des logements sociaux inadaptés, sans avoir la possibilité de devenir propriétaire et encore moins d'envisager des aménagements souvent onéreux. Bernadette Moreau intervient alors sur le volet financier en détaillant les aides mises en place par la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie. Et Marcel Nuss de rappeler un bémol : « D'accord mais il faut en général avancer les frais. Alors comment sortir 20 000 € lorsque vous vivez avec 700 € par mois ? » Ce défi sera-t-il malgré tout relevé ? Il y a urgence à y penser comme le souligne Pascal Dreyer, non sans humour : « Globalement, nous finirons tous notre vie au rez-de-chaussée, à moins de faire des logements enfin adaptables ! »

www.leroymerlinsource.fr

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