Bravant le froid, ils sont 82 concurrents en ski alpin et 38 en ski nordique à se masser sur la ligne de départ pour cette édition 2010 des championnats de France de ski. De ski adapté ! Des hommes majoritairement, une quinzaine de sportives seulement, comme dans la plupart des autres disciplines d'ailleurs. Ces sportifs à part entière suivent le sillage des champions qui se sont illustrés aux JO de Vancouver. Ils sont trisomiques, ont parfois des troubles du comportement ou autistiques mais vivent la compétition avec une égale intensité. Le stress, la tension, l'envie de vaincre... L'édition 2010 est placée sous le signe de la jeunesse car la majorité des participants ont entre 18 et 30 ans. Ils ont été initiés à la glisse dans des établissements spécialisés ou au sein des clubs de la Fédération française du sport adapté. Des jeunes montagnards, bien sûr, mais également des skieurs venus du Nord, d'Alsace ou de la région PACA qui ont découvert le plaisir du ski à l'occasion de stages de perfectionnement.
20 ans de ski adapté
Le ski adapté existe depuis plus de 20 ans. A l'instar de la vingtaine d'autres sports gérés par la Fédération (40 000 licenciés, 500 associations et 100 comités régionaux et départementaux), il propose une pratique sportive adaptée aux personnes en situation de handicap mental ou atteintes de troubles psychiques. Sur l'ensemble de la palette, une quinzaine de disciplines ont mis en place des championnats de France (1 800 rencontres dont 15 championnats de France et 5 championnats européens). Maud Bougon, conseillère technique au Comité départemental du sport adapté de l'Isère, orchestre cet évènement national. « Au delà de l'aspect sportif, c'est une rencontre riche qui permet d'établir un lien social (sur le site, les concurrents sont logés dans des hébergements collectifs ou en gîtes mais tous les repas sont pris en commun), de développer un savoir-faire, de découvrir un autre milieu et surtout de prendre du plaisir. De nombreuses études, ainsi que des témoignages de professionnels du milieu médico-éducatif, ont mis en évidence la relation entre la sédentarité, la perte d'autonomie, l'isolement et le manque d'activités physiques. » Le ski est une activité exigeante sur le plan technique, sollicitant en permanence des capacités d'adaptation, d'analyse et d'anticipation. Les concurrents sont répartis en trois divisions, en fonction de leur handicap. Slalom géant, slalom spécial et super G pour le ski nordique, parcours de 1 à 10 km en ski nordique... De quoi connaître frisson, trac et émotion, sueur et défi.
90 000 euros de budget
La dernière édition de ce championnat remonte à quatre ans. Maud Bougon, qui siège également à la commission nationale du ski adapté espère pouvoir pérenniser l'événement tous les deux ans. « Mais cela dépend de la bonne volonté des départements. Même si la Fédération apporte sa contribution, le coût incombe à l'organisateur. C'est à lui de chercher des financements publics et de convaincre les sponsors privés. Dans notre cas, ce sont des entreprises du bassin grenoblois, sensibles aux questions de handicap, qui nous ont apporté leur soutien. » 90 000 euros de budget, et une grande soirée de gala... pour que la fête soit plus belle encore !