Transport adapté : un désengagement à craindre ?

Le 15 mars, une dépêche révèle que le GIHP* Strasbourg restreint ses offres de transports aux handicapés faute de budget. On craint alors un désengagement plus général. Bernard Poulet, directeur du GIHP Rhône-Alpes se veut rassurant...

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* Groupement pour l'Insertion des personnes Handicapées Physiques qui, après avoir été l'initiateur en France dans les années 1960 du transport public adapté, en reste aujourd'hui l'un des gestionnaires les plus actifs.

Le 15 mars dernier, le GIHP de Strasbourg réduisait son offre de service pour cause de retrait, en février dernier, d'une subvention du Conseil général (soit 699 000 € en 2009) qui couvrait 50 % du budget de fonctionnement de la structure. La Communauté urbaine, partie prenante dans le financement de ce service, réagit aussitôt en accordant une enveloppe supplémentaire mais qui ne suffit pas à compenser cette perte. Manque toujours 25 % ! Ce désengagement a un impact immédiat sur les usagers : ils sont privés de transport les lundis et vendredis soir tandis que l'association ne travaillera plus qu'un week-end sur deux.

Appel à la contestation

Pour faire taire la contestation, le Conseil général réplique qu'il subventionnait le GIHP dans une démarche volontariste et non obligatoire, le transport des PMR sur le territoire de la communauté urbaine n'étant pas de son ressort. Compte tenu de ses difficultés financières, il déclare devoir se recentrer sur ses compétences, et rappelle qu'il attribue par le biais de la MDPH des aides financières individuelles de compensation pouvant financer notamment leurs besoins de transport. Le GIHP appelle alors ses usagers à interpeller les élus s'ils estiment que les transports en commun mis à disposition par les collectivités ne répondent pas intégralement à leurs besoins.

Effet boule de neige ?
Le problème strasbourgeois pourrait-il affecter l'un des 35 services de transport gérés par le GIHP sur notre territoire ?
Questions à Bernard Poulet, directeur du GIHP Rhône-Alpes, qui après avoir géré pendant plusieurs années le service Optibus (service public de transport à la demande de personnes à mobilité réduite avec accompagnement de porte à porte à Lyon), a développé un important service de transport adapté sur la région, et gère les services publics de Chambéry, Annecy et de Saint-Etienne.

Handicap.fr
: Peut-on craindre que le problème strasbourgeois se généralise à d'autres départements ?

Bernard Poulet
: L'information est exacte mais c'est un cas propre à ce service car il est financé par des subventions, à la fois du Conseil général et de la Communauté urbaine. C'est forcément un service plus fragile car il dépend du bon vouloir de l'administration. Sur les 35 services gérés par le GIHP en France, seuls quelques services relèvent de subventions. Dans les autres, le transport adapté relève d'un véritable service public organisé et financé par l'Autorité Organisatrice des transports publics. Il n'y a donc pas de risque que ce désengagement se généralise.

H
: Mais comment peut-on priver les citoyens à mobilité réduite d'un tel service ?

BP
: Il s'agit d'un problème plus politique. La loi handicap de 2005 prône l'accessibilité globale de tous les lieux et services publics mais n'évoque nulle part la prise en charge d'un service de transport en porte-à-porte. Les collectivités n'ont donc aucune obligation légale dans ce domaine !

H : Ce qui signifie que le jour où tous les réseaux seront accessibles, les collectivités pourraient se désengager du financement de ce type de transport individualisé?
BP
: Dans l'absolu, oui. Cela ferait certainement un tollé politique mais elles ne seraient nullement hors la loi. Mais, les usagers qui bénéficient de ce type de prestation n'auront malheureusement pas tous la possibilité d'emprunter les transports publics rendus accessibles, notamment parce qu'ils auront des difficultés à se rendre jusqu'aux arrêts.

H : Ils peuvent donc être rassurés sur la qualité et la pérennité de ces prestations ? Expliquez-nous ce qui fait leur particularité...
BP
: C'est vraiment un service sur mesure qui répond en tous points aux spécificités de la clientèle handicapée. Nous accordons par exemple une grande attention au recrutement de nos conducteurs accompagnateurs, même si face à l'afflux de demandes, nous sommes parfois obligés de sous-traiter avec des taxis. Il faut que nos chauffeurs aient la fibre sociale et qu'ils soient disponibles. Une formation interne propose des modules sur le secourisme, sur les attitudes à tenir face aux personnes handicapées... Ce type de prise en charge ne s'improvise pas. Et ces services publics de transport à la demande de porte à porte devraient continuer d'avoir leur place aux côtés des réseaux publics rendus accessibles.

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