Un syndicat pour les travailleurs handicapés indépendants

Pourquoi adhérer à l'UPTIH*, le premier réseau professionnel des travailleurs indépendants handicapés (TIH) ? Parce qu'il propose de défendre les droits des 58 000 personnes concernées. Le point avec Armance Massiet, responsable de développement

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Handicap.fr : Quelle est la vocation de l'UPTIH (Union professionnelle des travailleurs indépendants handicapés) ?
Armance Massiet
: Notre slogan c'est « Entreprenariat et handicap : une autre façon de travailler, d'exister ». Nous rassemblons les travailleurs handicapés, professions libérales, chefs d'entreprises, travailleurs non salariés (TNS), commerçants, artisans, agriculteurs ou artistes et auteurs qui ont créé leur propre emploi et travaillent à leur compte.

H
: Quel statut faut-il avoir pour adhérer ?

AM
: Etre reconnu travailleur handicapé ou être en phase de lancement d'un projet. La cotisation s'élève à 10 € par mois.

H
: Il faut donc être déjà installé en tant que TIH ?

AM
: En réalité, pas forcément puisque nous proposons également aux porteurs de projets une opération de parrainage avec des professionnels bénévoles, valides ou handicapés, qui mettent à leur disposition leur compétences en management et stratégie d'entreprise. Ce sont notamment des étudiants issus des écoles de commerce qui maîtrisent, par exemple, la notion de business plan. Ils s'impliquent au point de se rendre parfois à des rendez-vous ensemble. Nous les informons également sur toutes les aides et subventions réservées aux travailleurs indépendants handicapés.

H
: Qui est-en l'initiateur ?
AM : C'est Didier Roche, créateur des restaurants « Dans le noir », lui-même TIH puisqu'il est non-voyant. L'UPTIH existe depuis 2008 mais le gros travail diffusion de l'information et de recrutement des adhérents a commencé récemment. Didier est plutôt débordé par ses affaires mais il accepte volontiers de recevoir tous ceux qui le souhaitent pour partager et les accompagner dans leurs projets. Lui a réussi mais il voudrait faciliter la tâche de tous ceux qui sont dans sa situation et leur offrir un réseau dont il n'a malheureusement pas pu bénéficier. Les cinq membres du bureau de l'UPTIH sont handicapés. Il y a notamment Jérôme Adam, non-voyant, auteur du livre « Entreprendre avec sa différence ».

H
: Pourquoi Didier Roche a-t-il ressenti le besoin de créer cette Union. Il n'existait pas d'équivalent ?

AM
: Non, c'est une première en France. Ce qui l'a motivé c'est qu'il s'est rendu compte à quel point il était difficile de construire un réseau professionnel lorsqu'on est handicapé, notamment parce qu'on manque de confiance en soi. Il faut oser ! C'est l'idée que notre union veut impulser. Montrer que des telles expériences, de telles réussites existent. La valeur de l'exemple !

H
: A combien estime-t-on le nombre de travailleurs handicapés indépendants en France ?
AM : Selon une étude menée par la Dares en 2007, on en recense 58 000. Chaque année, 3000 personnes handicapées créent leur entreprise. Il n'y a malheureusement pas d'étude sur la répartition par secteur d'activité et c'est pourquoi nous souhaitons lancer une enquête pour recenser ces travailleurs.

H
: Quels avantages proposez-vous à vos membres ?
AM : L'intérêt d'adhérer c'est que nos membres seront reconnus en tant que TIH auprès des pouvoirs publics et des administrations. La force d'un lobbying ! Et puis nous leur offrons un réseau, notamment un annuaire pour trouver des clients sensibilisés à la question de l'intégration professionnelle des personnes handicapées. Nous organisons régulièrement des débats, des cafés projets, des rencontres avec nos partenaires, des forums sur le net. Et puis, sur le principe des comités d'entreprises, nous avons négocié des avantages socioculturels comme des tarifs réduits sur certains spectacles.

H
: Les entreprises qui sous-traitent avec les travailleurs handicapés indépendants peuvent-elles bénéficier d'Unités bénéficiaires (UB) qui permettent de réduire leur contribution Agefiph ?
AM : Non, pas pour le moment. Si elles embauchent un salarié handicapé, oui ; si elles sous-traitent avec un ESAT (Etablissement et service d'aide par le travail), encore oui, mais elles n'ont pas cet avantage avec un travailleur indépendant handicapé.

H
: Mais c'est insensé !

AM
: Je vous l'accorde mais c'est aussi pour cette raison que nous avons créé l'UPTIH. Nous rencontrons d'ailleurs bientôt une attachée parlementaire à ce sujet. Nous comptons également sur l'appui de la CGPME (Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises). Nous attendons de monter en puissance pour gagner en légitimité et créer un groupe de pression sur cette question. Lorsque les travailleurs indépendants handicapés passeront en UB, notre union va certainement prendre son envol. Mais c'est un cercle vicieux car nous avons aussi besoin d'adhérents pour nous faire entendre.

Propos recuillis par Emmanuelle Dal'Secco

Lien: http://www.uptih.fr

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