L'Agefiph a pour mission de développer l'emploi des personnes handicapées dans les entreprises du secteur privé. Son directeur de la communication, François Atger, nous éclaire sur la place de la France par rapport à ses voisins européens.
La France est-elle un bon élève en matière d'insertion professionnelle des handicapés ?
François Atger : Il est extrêmement difficile de répondre de façon précise car il existe très peu de données comparatives. D'autre part, la définition du handicap varie selon les pays. Il faut donc prendre en compte non seulement la définition que chaque pays donne du handicap mais aussi la manière dont il recense les handicapés. Il existe cependant une étude réalisée en 2003 par l'Université de Namur en Belgique qui établit une comparaison entre les différents pays, sur la base du taux d'emploi des travailleurs souffrant d'un handicap lourd ou modéré.
Quels pays arrivent en tête de cette étude ?
FA : Les deux pays qui ont le taux d'insertion le plus élevé sont la France avec 45,1 % et l'Allemagne avec 46,5 %. Le Portugal est 3ème avec 43,9 % suivi de l'Autriche avec 43,4 %. Il est intéressant de noter que les pays qui affichent les meilleurs taux d'activité, sont ceux qui ont un taux d'insertion obligatoire ainsi qu'un fonds de développement de l'insertion, tels que la France, l'Allemagne et l'Autriche. Ceux qui ont de moins bons résultats sont ceux qui disposent d'un quota d'insertion obligatoire sans qu'il soit assorti d'un fonds. Il y a également une très grande majorité de pays parmi lesquels on retrouve le Danemark, la Belgique ou la Finlande qui s'appuie simplement sur le principe de non discrimination.
Comment l'insertion professionnelle des personnes handicapées est-elle gérée par les autres pays ?
FA :Deux grands systèmes s'appliquent en Europe. Tout d'abord, il y a le principe de non discrimination à l'embauche, sous le contrôle éventuel des tribunaux. Il est notamment appliqué dans les pays d'Europe du Nord où l'on retrouve une éthique et une discipline sociales différentes de la France. L'autre système est celui de la déclaration par les entreprises de leur effectif de salariés handicapés auprès de l'administration. Dans ce dernier cas, lorsqu'une entreprise n'atteint pas le quota, elle verse une cotisation à un fonds, comme c'est le cas en France. Ces deux systèmes ne sont pas incompatibles puisque le principe de non discrimination s'applique aussi en France où nous avons une obligation d'emploi des personnes handicapées. Quant à l'Allemagne et l'Autriche, elles ont également mis en place un fonds d'insertion.
Ne faudrait-il pas instaurer une règle et donner une définition du handicap commune à l'ensemble des pays européens ?
FA : L'Europe a édicté le principe de non discrimination qui est d'ailleurs inclus dans les textes fondateurs. Elle incite les pays à appliquer le principe de non discrimination mais elle laisse à chaque état membre le soin de fixer les dispositions pour y arriver. Donc il n'y a pas de directives techniques d'application des dispositions européennes générales. Ça aiderait probablement d'avoir une définition et une règle communes mais il faudrait une concertation à grande échelle car il y a de grandes différences culturelles dans l'organisation administrative du handicap en Europe. Nous pourrions parvenir à une définition théorique mais ce serait plus difficile pour ce qui est des modalités de reconnaissance du handicap.
Propos recueillis par Agnès Wojciechowicz © CAdresOnline - Novembre 2010