Entreprise et handicap: une association pas encore naturelle

Alors que l'emploi est une des priorités du gouvernement pour les handicapés, à l'espace recrutement du salon Handica, les sociétés multiplient les offres et le public afflue, mais les postes collent difficilement aux profils de ces candidats

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Les personnes handicapées sont deux fois plus souvent au chômage que la moyenne. La deuxième Conférence nationale du handicap a laissé mercredi les associations sur leur faim, faute d'annonces concrètes de Nicolas Sarkozy, selon elles.

 

Au salon pour l'autonomie Handica, jusqu'à vendredi à Chassieu (Rhône), Crédit Agricole, Sanofi ou encore Technip font montre de leur bonne volonté, en récoltant les CV et en enchaînant les entretiens avec qui souffre de troubles musculo-squelettiques, qui d'une dépression, qui en fauteuil roulant, autant de maux qui peuvent donner le statut de travailleur handicapé.

La plupart des sociétés n'ont pas d'offres particulières pour cette population car l'esprit de la politique d'emploi est de les insérer en milieu ordinaire de travail, et non de créer des postes dédiés.

Les entreprises examinent donc leurs candidatures au même titre que les autres puis procèdent aux adaptations de poste nécessaires (physiques, des horaires, activités...).


"Nous ne sommes pas censés connaître le handicap de la personne, qui relève de la médecine du travail", souligne Anne Peigne, chargée de mission chez Derichebourg propreté.
"Par honnêteté je le dis toujours", témoigne Martine Fath, 60 ans, qui ne peut plus écrire après un accident.
"Mais on m'a déjà conseillé de le cacher!", s'indigne-t-elle, en jugeant les entreprises "hypocrites".

Une faible proportion des échanges du salon déboucheront sur des embauches, en raison notamment de l'inadéquation entre formation et postes à occuper.

"Les managers recherchent des bac+5 sortis d'écoles d'ingénieurs, c'est rare!", s'exclame Pierre Deweerdt, chargé de recrutement chez Capgemini. Le cabinet de conseil compte 1,4% de salariés handicapés, soit bien moins que le taux légal de 6%, mais "mieux que la moyenne du secteur", fait-il valoir.

"Beaucoup se présentent pour occuper des fonctions administratives, un secteur de prédilection. Typiquement, un cariste qui a mal au dos se reconvertit là-dedans... Mais nous avons peu d'opportunités", déplore M.Deweerdt.


Même constat aux laboratoires Boiron, où 4,3% du personnel est handicapé: "nous n'avons pas autant de candidats que ce que l'on voudrait, car nous demandons des compétences particulières", expose Joëlle Marybrasse, de la direction des ressources humaines du groupe pharmaceutique. Pour y remédier, Boiron propose des formations internes.

Au stand du chimiste Arkema (3,8% de travailleurs handicapés), Claire Keromnes, des RH de l'usine de Pierre-Bénite (Rhône), est plus chanceuse. Elle a récupéré les CV d'un technicien de laboratoire et d'un alternant en master environnement, qui ont des problèmes pour se mouvoir.
"Habituellement les qualifications des candidats sont trop généralistes, or nous cherchons des compétences techniques", souligne-t-elle. Intégrer des handicapés est "une démarche de longue haleine", mais source d'"enrichissement", reconnaît-elle, à l'unisson des autres entreprises.


A La Poste (5,5% de l'effectif), "il y a longtemps on accueillait les enfants handicapés d'agents, nous avons gardé une tradition sociale", selon Michel Long, du centre financier de Lyon, devant des affichettes "chargé de clientèle bac+2" et "facteurs". "Ce n'est pas tout d'embaucher. Le métier change, il faut faire évoluer les compétences pour éviter de licencier", prône-t-il.


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