Discours de Nicolas Sarkozy lors de la CNH : l'intégrale !

En clôture de la 2ème conférence nationale du handicap, Nicolas Sarkozy a souhaité joindre sa parole à celle de ses ministres. Tous réaffirment faire du handicap une priorité gouvernementale. Le point sur un discours auquel certains ne croient plus

• Par

36 milliards d'euros
Tout commence, par un état des lieux. « Il y a 3 ans, jour pour jour, j'ai installé la première conférence nationale du handicap. La loi handicap de 2005 est devenue notre référence commune. Je me suis engagé à construire une société où chacun trouve sa place, où la différence est une richesse. Se mobiliser pour les personnes handicapées n'est pas un acte comme les autres. » Nicolas Sarkozy reconnaît que le chantier est immense et dresse un « bilan lucide de nos engagements collectifs ». « Si l'on regarde le chemin parcouru, il y a beaucoup de victoires, petites et grandes. Depuis 2007 ans, la Nation a fait un effort sans précédent en faveur des personnes handicapées. 36 milliards d'euros ! Malgré la crise d'une violence inouïe, prétexte derrière lequel j'aurais pu m'abriter, ce budget a progressé de 15 %. 6% chaque année alors que l'augmentation des dépenses de l'Etat dans les autres domaines s'est limitée à l'inflation. » Et de rappeler que « la promesse d'une hausse de 25 % de l'AAH sur 5 ans sera tenue », même s'il consent, avec des mots simples, débarrassés de toute emphase politique : « Ce n'est pas le confort ! ».Mais quid de ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté ?

Emploi, 3000 postes en entreprises adaptées

Il dit également vouloir sursoir à la publication du projet de décret sur les modalités d'attribution de l'AAH qui, donnant à l'Etat une minorité de blocage, avait alerté les associations fin avril 2011. Et de poursuivre avec l'accompagnement tout au long de la vie avec, notamment, la création achevée de 26 000 places en établissements spécialisés, augmentées de 4600 ouvertures en 2011, « même si je sais que les besoins sont énormes ». Vient ensuite la question épineuse de l'emploi « une priorité », indispensable vecteur d'intégration ou plutôt « d'inclusion » . Les travailleurs handicapés peuvent désormais cumuler l'AAH et les revenus d'une activité. Ainsi qu'en 2010, l'objectif de 70 000 personnes handicapées accompagnées dans leur recherche d'emploi par les organismes spécialisés sera renouvelé cette année, tandis que 1000 postes par ans sur trois ans seront créés dans les entreprises adaptées. Le gouvernement a également supprimé la limite d'âge pour l'entrée en apprentissage tandis que le système encourage les entreprises à s'ouvrir aux travailleurs handicapés par le biais de mesures de recrutement simplifiées.

Ecole, la pièce « maîtresse »

Le chef d'Etat aborde ensuite la question épineuse, et souvent douloureuse, de la scolarité. Le matin même, il a reçu le rapport du député Paul Blanc qu'il entend examiner avant fin juin. « L'école joue un rôle central qui ouvre l'avenir. Le regard change lorsque l'enfant a appris dès le plus jeune âge l'ouverture aux autres. » Et de dresser le bilan de l'intégration des élèves handicapés en milieu scolaire ordinaire : 200 000 enfants inscrits, soit 50 000 de plus qu'en 2005, et 10 000 nouveaux à chaque rentrée. « Je m'en réjouis pour eux et pour les enfants qui n'ont pas de handicap et pour lesquels c'est une richesse. » Une pensée pour les parents, aussi. Le sujet est sensible, le terrain miné. « Je sais que beaucoup de familles sont usées par les iniquités entre les départements et les attributions aléatoires. (...) Je promets le recrutement de 2000 AVS (Auxiliaires de vie scolaire) pour la rentrée 2011, mieux formés, mieux payés, avec un vrai plan de carrière, et un contrat d'assistant d'éducation » qui valorisera les compétences de ceux qui occupent cette fonction depuis déjà 6 ans. Il insiste sur le fait que « c'est un investissement énorme pour l'Etat mais nécessaire. » Le Président annonce enfin que le FIPHFP a débloqué 150 millions d'euros pour rendre les établissements publiques accessibles. Et confirme que « les associations sont les bienvenues dans l'école républicaine ».

Accessibilité, au cœur du projet

Mais rien de tout ceci ne semble réalisable sans « accessibilité », un terme remâché par toutes les bouches depuis le début de la journée. Pièce d'achoppement de la politique du handicap... Nicolas Sarkozy poursuit en déplorant le fait que trop de personnes handicapées sont encore exclues des transports et de la cité. Et rassure ceux qui ont l'audace de douter : « Je ne céderai pas sur l'échéance de 2015. Faisons de chaque jour une journée utile. La politique du handicap nous concerne tous pour construire une société plus humaine. Je salue les associations, leur rôle précurseur. Ce sont des d'aiguillons, et leur insatisfaction normale oblige les pouvoirs publics à avancer. »

La conclusion du président échappe aux chiffres. Plus question de budget et de chiffres. Il livre un propos attendri, ascendant fleur bleue, qui fait sourire ou grincer des dents. C'est selon ! « Je suis convaincu que les faiblesses nous enrichissent et nous rendent plus humains. Quand on parle d'une personne handicapée, de l'extérieur, c'est l'étranger alors qu'elle est en nous-même. Sa seule différence, c'est qu'elle a rencontré le destin, la maladie, l'accident, le hasard... S'occuper de la personne handicapée, c'est s'occuper de chacun de nous. Je sais ce qu'amène un enfant handicapé dans une famille, de tendresse et de bonheur authentique, une fois le choc passé qui peut tout détruire. Je comprends l'injustice et la colère qu'on peut ressentir lorsqu'un enfant ne trouve pas de place et je comprends aussi les craintes des professionnels. Pour moi, ce n'est pas un dossier comme les autres, et la façon dont on s'occupe du handicap révèle l'humanité de la société. Toute la journée, j'entends le mot « solidarité » mais c'est certainement dans les exigences du monde du handicap qu'il est le plus justifié. J'ai toujours compris l'impatience qui est la vôtre, je vous demande de croire cela. Je veux vous démontrer que tout n'est pas mensonge ou parole en l'air. »

Réactions, une trêve de courte durée

Applaudissements ! Et c'est fini. Pas de question, pas de réponse, pas de dialogue. Un discours qui dans l'assemblée, laisse certains perplexes... Nicolas Sarkozy livre quelques poignées de main et reçoit en retour des sourires de circonstance, derrière le masque de l'inquiétude. Les présidents d'associations, si virulents d'ordinaire, ont glissé leur main dans un gant de velours pour cette accolade fraternelle. Ils se demandent s'ils ont encore raison d'y croire. Une trêve courte et tempérée avant la reprise des combats. Car, il fallait s'y attendre, les réactions n'ont pas tardé, scandées sous une même banderole : « Halte aux promesses » ! Il n'y a guère que l'UNEA  pour se féliciter des mesures annoncées, favorables à son secteur. A l'inverse, l'APF reproche à Nicolas Sarkozy « un discours creux qui conclut une Conférence nationale du handicap sans grand intérêt et qui laisse sur leur faim les associations de personnes handicapées ». L'APAJH dénonce « une opération de communication » et déplore que le bilan vérité sur la loi de 2005 n'ait pas été fait. Le CDTHED dépose un commentaire sur notre site. « Lors de la 1ère Conférence du handicap, Nicolas Sarkozy a multiplié les promesses. Aujourd'hui, il nous ressert les mêmes. » Pas convaincant notre Président ? Il y avait pourtant dans son discours un doux cocktail d'humilité et d'autocritique. Pas une once de cette arrogance que certains lui reprochent. Le handicap semble être un sujet à fleur de peau qui n'autorise aucune maladresse. Alors sa prose est restée solidaire et empathique, pour ne pas dire prudente. « Nous sommes à mi chemin, confie Nicolas Sarkozy. Ce n'est pas suffisant mais on a tous ramé pour que ça avance. »
Mais de l'avis du CDTHED, « les personnes handicapées, malades ou âgées, et leurs familles, ne sont pas dupes ». Peine perdue ?

Partager sur :
  • LinkedIn
  • Twitter
  • Facebook
Commentaires0 Réagissez à cet article

Thèmes :

 
0 commentaire

Rappel :

  • Merci de bien vouloir éviter les messages diffamatoires, insultants, tendancieux...
  • Pour les questions personnelles générales, prenez contact avec nos assistants
  • Avant d'être affiché, votre message devra être validé via un mail que vous recevrez.