L'homme reste toujours le maître, le donneur d'ordres, et le chien un auxiliaire auquel est inculquée une intelligence des situations qu'il peut rencontrer. Outre les liens affectifs entre deux êtres, les équipiers nouent une relation d'aide où un voyant, le chien, fournit le sens manquant au non-voyant.
Le chien est considéré dans la jurisprudence comme une prothèse vivante. Malheureusement, c'est une prothèse qu'ignore la Sécurité sociale.
L'idée d'associer un chien à un aveugle pour l'aider dans ses déplacements et sa vie quotidienne est née en 1915 en Allemagne, et n'a été importée en France que dans les années 1950. La méthode de dressage, d'abord artisanale et intuitive, est aujourd'hui rigoureuse. Le maître apprend à donner les ordres, une formation d'une semaine en moyenne. Quant au chien, un labrador ou un berger allemand le plus souvent, il doit appréhender les éléments de base de l'environnement urbain: trottoirs, chaussée, passages cloutés, feux, véhicules, obstacles divers, transports en commun. Il n'a toutefois qu'une fonction d'obéissance. Les ordres viennent du maître. Le chien doit savoir désobéir intelligemment, si l'ordre est contraire à la sécurité du tandem, mais il ne choisit pas s'il faut aller à gauche ou à droite.
Dans les associations, chaque équipe est testée avant de devenir autonome. Les incompatibilités d'humeur restent rares, il faudra seulement voir si le chien s'adapte bien à son lieu de vie. Un dresseur accompagne le chien et l'aveugle dans les trajets les plus répétitifs comme le travail, les commerces, etc., pour que le chien les maîtrise sans hésitation. Au bout d'un moment, il les connaîtra même par coeur sans intervention du maître. Un changement dans la configuration des lieux, après des travaux en ville, ou un déménagement du maître, demande une rééducation du chien. Les dresseurs passent autant de temps au dressage initial qu'au suivi des chiens guides. 280 000 personnes en France sont atteintes de cécité partielle ou totale.