Autisme et soins: la psychanalyse mise sur la touche

Les approches psychanalytiques dans la prise en charge de l'autisme ont été, pour la première fois, mises sur la touche par la Haute autorité de santé (HAS), dans un rapport publié sur une question qui déchaîne les passions.

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"Les psychiatres sont des médecins comme les autres, ils doivent se soumettre aux règles d'évaluation", a déclaré le Pr Jean-Luc Harousseau, président de la HAS, en présentant à la presse un rapport, très attendu, sur la prise en charge de l'autisme de l'enfant et de l'adolescent.

"Les psychiatres doivent se remettre en question", a-t-il répété, notant que, "plus de 30 ans après leur introduction", les approches psychanalytiques n'ont pas fait la preuve de leur efficacité, ni de leur pertinence dans ce domaine.

Un avis soutenu par la pétition-manifeste (bit.ly/xBmYKk) d'un groupe de psychiatres et chercheurs en faveur d'une pratique "fondée sur l'état des connaissances scientifiques".

Le rapport de l'HAS et de l'Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) ne condamne pas ouvertement les approches psychanalytiques, se bornant à les qualifier de "non consensuelles". Mais, elles sont écartées des recommandations.
Pour réagir à cette "croisade" anti-psychanalyse, une vidéo et un texte du psychanalyste Jacques-Alain Miller ont été mis en ligne sur le site de la revue La Règle du jeu.

La HAS rappelle aussi qu'il n'y a pas de lien entre autisme/TED (troubles envahissants du développement) et le vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole).

Un enfant de moins de 20 ans sur 150 souffre de TED.


"Les caractéristiques psychologiques des parents ne sont pas un facteur de risque de survenue des TED", précise également la HAS, mettant ainsi du baume au coeur des parents qui ne veulent plus entendre des discours culpabilisants n'aidant en rien leurs enfants handicapés.

La HAS et l'Anesm condamnent par ailleurs la technique controversée du "packing" (enveloppement dans des draps humides et froids) utilisée en dehors de tout protocole de recherche.

Le document préconise "un projet personnalisé d'interventions pour chaque enfant" et coordonné, avec notamment un "dépistage précoce" avant 4 ans pour préserver ses chances d'amélioration et un suivi régulier avec évaluation des résultats. Les approches éducatives et comportementales, qui ont fait la preuve de leur efficacité, font désormais partie des recommandations.

"Ce rapport marque une étape" dans la prise en charge de l'autisme, a estimé M. Harousseau, pour qui "rien ne sera plus comme avant".
"Un tiers seulement des personnes autistes et leurs familles reçoivent l'aide personnalisée qui leur est nécessaire", a dénoncé le Pr Philippe Evrard, neuropédiatre, du Comité de pilotage de ces recommandations.
"La solidarité française est gravement déficiente", a-t-il dit, en parlant de "scandale". "Si cette situation perdure, la responsabilité de l'Etat et des Agences sanitaires pourrait être mise en cause", a averti ce médecin, également expert judiciaire.

Le Collectif autisme, affirmant représenter la grande majorité des familles d'autistes en France, se réjouit que seules soient recommandées les approches éducatives dont l'efficacité est prouvée. Vaincre l'autime, salue ce rapport, "respectueux des droits et des personnes atteintes, mais "regrette" qu'il "ne puisse mettre définitivement fin au pouvoir de la psychanalyse sur l'autisme".

"C'est un premier pas", considère le député UMP Daniel Fasquelle, qui veut bannir définitivement la psychanalyse des soins aux autistes. Il juge "urgent" de réorienter la formation des professionnels "totalement inadaptée, de même que la recherche universitaire".
BC/fa/bw

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