Jacques Chirac a préconisé mardi 3 décembre 2002 une vaste réforme de la politique en faveur des personnes handicapées, proclamée "grande cause nationale" en 2003, pour favoriser la personnalisation des aides et l'accès au monde du travail.
A l'occasion de la Journée internationale des handicapés, le chef de l'Etat a demandé au gouvernement de présenter en Conseil des ministres son projet de réforme sur le handicap "avant l'été prochain en vue d'un examen par le Parlement à l'automne".
Il faut, a-t-il dit, "revoir les fondements mêmes de notre politique, en passant d'un système d'aides uniformes", prévu par les lois de 1975 et 1987 dont il a été l'initiateur à Matignon, "à une logique qui prenne pleinement en compte les besoins particuliers de chaque cas individuel".
"J'attends de cette réforme qu'elle permette de construire un véritable système d'aide personnalisée et de donner la priorité à l'intégration professionnelle et sociale des personnes handicapées", a dit Jacques Chirac dont les propos étaient traduits en langage des signes.
Le président de la République a fait de la lutte contre les handicaps un des grands chantiers de son quinquennat, avec la violence routière et le cancer.
Grande cause nationale
Pour symboliser l'engagement de l'Etat et "la forte mobilisation des pouvoirs publics", il a annoncé que l'action en faveur des handicapés sera "érigée au rang de grande cause nationale" en 2003 et que "chaque année une Conférence des handicaps sera réunie" afin d'évaluer les progrès de la réforme.
Entouré de plusieurs ministres (Affaires sociales, Education nationale, Santé, Personnes handicapées), M. Chirac s'adressait aux associations réunies à l'Elysée pour l'installation du nouveau Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH). La psychanalyste Julia Kristeva, récemment
reçue par le chef de l'Etat pour s'entretenir de ce thème avec lui, était présente.
M. Chirac a proposé la mise en place sur tout le territoire d'"un réseau de maisons des personnes handicapées" dont les activités seraient coordonnées par une "Agence nationale des handicaps". Sorte de guichet unique, ces maisons aideraient les handicapés et leurs familles à élaborer "un projet personnalisé" incluant la scolarité, le logement ou la vie professionnelle.
Il a suggéré l'institution d'"un nouveau droit à la compensation" pour prendre en charge "les surcoûts" liés au handicap.
M. Chirac a également souhaité en 2003 "de nouvelles initiatives" pour améliorer l'accessibilité, notamment dans les transports, les sports, les loisirs.
Pour conforter le rôle des familles, il a suggéré de créer des dispositifs d'accueil temporaire pour permettre aux parents de "reprendre leur souffle" ainsi qu'un compte épargne pour prévoir l'avenir des enfants handicapés.
Jacques Chirac a également appelé l'Education nationale à respecter "scrupuleusement" l'obligation de non-discrimination à l'égard des handicapés. Plus généralement, il a invité les fonctions publiques à "être exemplaires" en matière d'emploi des handicapés. "Elles ne le sont pas. Ce n'est pas admissible", a-t-il dit.
Le chef de l'Etat a aussi confirmé la création en 2003 de 5.000 auxiliaires de vie, de 3.000 places en centres d'aide par le travail et de plus de 2.000 places en maisons d'accueil spécialisées. D'autre part, a-t-il dit, le nombre d'auxiliaires de vie scolaire sera triplé pour être porté à 6.000 à la rentrée 2003.