Lutte contre la pauvreté : quelle place pour le handicap ?

Vivre avec 776 euros par mois, c'est le sort d'un million de personnes handicapées. En dessous du seuil de pauvreté ! Cette question sera-t-elle abordée lors de la Conférence nationale de lutte contre la pauvreté les 10 et 11 décembre 2012 ?

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Les 10 et 11 décembre 2012 se tient, à Paris, au sein du CESE (Conseil économique social et environnemental), la Conférence nationale de lutte contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale. Une belle aubaine pour les personnes handicapées de se faire entendre ? Car, rappelons-le, les 957 000 allocataires de l'AAH (Allocation adulte handicapé) vivent largement sous le seuil de pauvreté. Le montant maximum de l'AAH a été atteint, le 1er septembre 2012, 776,59 euros par mois. Soit 188 euros en dessous du seuil de pauvreté fixé, en France, à 964 euros pour une personne seule (correspondant à 50 % du niveau de revenus médian dans notre pays). Alors handicapé, forcément concerné !

L'AAH à la trappe ?


Mais avant même que les portes de ce colloque ne s'ouvrent, l'Association des paralysés de France (APF), s'inquiète ! Elle a en effet pris connaissance des sept rapports thématiques produits par les différents groupes de travail, ceux-là même qui vont alimenter les travaux de la conférence et les grandes lignes du futur plan quinquennal, et notamment celui sur l'« Accès aux droits et aux biens essentiels, minima sociaux ». Sur les 70 pages de ce rapport, seule une demi-page mentionne l'AAH ! Selon l'association, « aucune mesure directe ne propose d'améliorer le quotidien des 957 000 allocataires de l'AAH qui, à 80 %, sont incapables d'avoir une activité professionnelle. De plus, 940 000 personnes sont bénéficiaires d'une pension d'invalidité dont 76% sont dans l'impossibilité d'exercer un emploi. Ce sont donc 1,5 million de personnes en situation de handicap ou de maladie invalidante qui ne connaîtront aucune perspective d'évolution de leurs ressources compte tenu des modes de calcul actuels et des situations qui en justifient l'attribution ». Face à ce constat, l'APF déplore le désintérêt marqué pour cette question et refuse cette vision selon laquelle une situation de handicap entraîne fatalement l'installation dans une précarité durable !

AAH : encore trop peu !


Certes, l'AAH a augmenté de 25% entre 2007 à 2012, mais cette revalorisation, d'une part, faisait suite à 25 années de faible augmentation, soit une perte de 25% de pouvoir d'achat par rapport au SMIC, et, d'autre part a été largement grignotée par les nombreux frais supplémentaires auxquels ont dû faire face les personnes en situation de handicap : hausse du forfait hospitalier, franchises médicales, fiscalisation des indemnités accident du travail, déremboursement de médicaments, hausse du coût des mutuelles, et, plus généralement hausse du coût de la vie. Sans compter les pensions d'invalidité qui, elles, n'ont pas été revalorisées ! Pour l'APF, « il serait inacceptable qu'un plan de lutte contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale engageant le quinquennat fasse l'impasse sur des mesures concrètes permettant aux personnes en situation de handicap de sortir de cette spirale ». Les associations de personnes handicapées réclament, depuis de nombreuses années déjà, la création d'un revenu d'existence équivalent au SMIC brut, avec cotisations, pour les personnes ne pouvant pas ou plus travailler, indépendant des revenus du conjoint.

La CMU pour les allocataires de l'AAH ?


Notons, néanmoins, une mesure intéressante formulée dans le rapport « accès aux droits » et dans celui relatif à la santé qui vise le relèvement du plafond de la CMU-C (Couverture maladie universelle complémentaire) au niveau du seuil de pauvreté. Depuis le 1er octobre 2012, ce seuil est fixé à 661 euros par mois pour une personne seule (soit 7 934 euros pour 12 mois). Avec cette nouvelle mesure, il pourrait atteindre 964 euros par mois, ce qui permettrait aux personnes ayant des revenus inférieurs, et donc aux allocataires de l'AAH, d'en bénéficier. Rappelons que la CMU-C donne droit à la prise en charge gratuite de la part complémentaire des dépenses de santé (y compris à l'hôpital), à hauteur de 100 % des tarifs de la sécurité sociale. De plus, elle inclut des forfaits de prise en charge des soins dentaires, des lunettes, des prothèses auditives... Pour faciliter l'accès aux soins, les bénéficiaires ne payent donc pas directement leurs dépenses de santé et n'ont donc pas à avancer les frais.

Mais nous n'en sommes, pour le moment, qu'au stade des préconisations. Les citoyens handicapés seront-ils réveillés, au matin du 12 décembre, par un choc de solidarité ?

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