Pour Annie, une balade dans les rues de Manchester, ce n'est pas toujours une partie de plaisir. Cette jeune journaliste est atteinte de malformations congénitales et marche avec une canne. Et, n'en déplaise au légendaire « humour » britannique, elle confie que le regard porté par ses concitoyens sur son handicap n'est pas vraiment tendre. Boutades, rires, vexations sont monnaie courante. « So shocking » dans un pays qui prône l'acceptation des différences. Dans la rue, au travail ou à l'école, de récentes études témoignent que la stigmatisation à l'anglaise est parfois cruelle, bien loin de « l'empathie universelle » véhiculée lors des Jeux paralympiques de Londres.
Au travail, une maltraitance silencieuse
Dans le domaine de l'emploi, par exemple, la discrimination à l'égard des travailleurs handicapés est une amère réalité. C'est ce que révèle une récente étude menée au sein des universités de Cardiff et Plymouth auprès de 4 000 salariés dont 300 en situation de handicap. Parmi ces derniers, un sur dix se dit victime d'agressions sur son lieu de travail (contre 4.5 % pour les travailleurs sans handicap). Un sur quatre se prétend fréquemment insulté ou humilié (contre un sur six pour les autres). Selon les conclusions de cette enquête, les travailleurs handicapés sont en réalité deux fois plus victimes de ce type d'agissements au Royaume-Uni, majoritairement de la part des managers (dans 45 % des cas) mais également de celle des collègues (18%) et des clients (25%). Cette forme de maltraitance passée sous silence affecte principalement les personnes atteintes de handicap mental. Plus de quatre sur dix ont rapporté des insultes, et 57% se sont plaints de subir les colères de leurs supérieurs.
A l'école, processus de victimisation
Du côté de l'école, le constat est tout aussi amer. En juillet 2012, le magazine The Lancet publiait une étude commandée par l'OMS. Les écoliers handicapés seraient presque quatre fois plus exposés au risque de violences que les autres, les plus vulnérables étant, une fois encore, ceux présentant un handicap mental ou une déficience intellectuelle. On pourrait évidemment se dédouaner de toute responsabilité en maudissant ces comportements d'Outre-Manche mais des données relatives à six autres pays (Espagne, Etats-Unis, Finlande, France, Israël et Suède) avaient été intégrées à cette analyse qui portait sur plus de 18 000 enfants issus de pays à « hauts revenus ». Selon l'OMS, « la stigmatisation, les discriminations et le manque d'information concernant le handicap sont les facteurs qui exposent à un risque accru de violences ». Pour le docteur Mark Bellis, le chercheur de l'université de Liverpool qui a mené cette enquête, « la manière dont l'entourage traite un enfant handicapé conditionne l'impact que son handicap aura sur sa qualité de vie. Il incombe donc aux gouvernements et à la société civile de veiller à prévenir de tels processus de victimisation. »
Lire étude publiée dans The Lancet (en anglais) : http://press.thelancet.com/childrendisabilities.pdf
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