L'animal thérapeute. Et pourquoi pas ? A Londres, un « bar à chats » a ouvert, qui propose à ses clients de déguster en verre en caressant des matous. Situé dans un quartier d'affaire, il reçoit des cadres super stressés qui viennent, le temps du déjeuner, profiter de cette pause bien-être. Aussi insolite que cela puisse paraître, l'animal a depuis longtemps convaincu ses adeptes des bénéfices que sa seule présence ou son contact peut apporter. Un stand dédié avait élu domicile sur le dernier salon Handica de Lyon, et il a suffi de deux lapins et d'un cochon d'Inde pour provoquer un attroupement. Ce succès témoignait de l'impact sans pareil de la « médiation animale ».
« Tendre patte » donne du bonheur
Isabelle Robert est l'une de ses adeptes. Après une formation au sein de l'Institut français de zoothérapie (lire article en lien : « Formez-vous en zoothérapie : le bien-être par l'animal ! »), elle crée, en 2008, sa propre structure, « Tendre patte ». Avec quelques compagnons, elle se rend dans des établissements qui accueillent des personnes âgées, handicapées, des enfants autistes ou trisomiques. Des séances de deux ou trois heures où ne compte que le plaisir partagé. Un petit groupe de trois personnes maximum pour rester concentré, être en mesure de gérer les interactions et s'adapter à chaque participant sans le mettre en situation d'échec. On peut alors s'adonner sans modération à la caresse, brosser, remplir la gamelle ou promener en laisse...
Une vieille dame sort de son isolement
Il arrive également à la team d'Isabelle d'être sollicitée pour des séances individuelles, par exemple lorsqu'elle se trouve en présence d'une personne isolée qui refuse tout contact. Petit à petit, la médiation faisant effet, celui qui vivait reclus s'ouvre à l'animal puis à l'autre avec la perspective, à terme, de réintégrer le groupe. Le lien animal en préambule du lien social... Isabelle rapporte le cas d'une vieille dame handicapée qui, le regard fuyant, restait prostrée dans sa chambre, dans son fauteuil et n'utilisait plus ses mains depuis longtemps. « En quelques séances, nous avons réussi à capter son attention puis, au fil des mois, ce contact avec les animaux a encouragé sa gestuelle, explique Isabelle. Elle touchait et caressait mon chien, avec un bénéfice manifeste pour la détente de ses mains. Il en va de même pour la rééducation par la marche motivée par la présence du chien à l'occasion d'une petite balade en laisse. Il est manifeste que la plupart des résidents font des progrès, l'air de rien ! J'interviens en complément du travail du kiné. Parmi ces derniers, certains sont favorables à ma pratique, d'autres pas. »
Chiens, chevaux ou poules...
Isabelle possède deux chiens, Flam et Doogy, et deux cochons d'Inde, alternant les duos pour leur offrir des temps de repos. L'un est un cavalier king-charles, un chien de petit format, à l'allure sympathique qui rassure et que l'on peut aisément prendre sur les genoux ou mettre sur une table. Mais de plus gros modèles, comme le golden, remplissent également ce rôle à merveille. Celui qui remporte le plus vif succès, c'est le cochon d'Inde, miniature, docile et habitué à être manipulé. « D'autres espèces peuvent également faire l'affaire, poursuit Isabelle Robert, aussi bien des poneys, des chevaux, des ânes, des chèvres, des moutons que des poules. Aucune restriction à partir du moment où l'animal arrive à créer le lien. Avec les chats, c'est plus compliqué sauf avec de gros gabarits comme le maine coon, mais qui vaut assez cher. »
Ses animaux : des éponges qu'il faut préserver
Isabelle prend soin d'éduquer ses animaux à ne pas réagir ou à réagir différemment en cas de « maladresse » lors des manipulations. Les chiens sont choisis à trois mois, après le sevrage, avec une bonne éducation de base. Leur maîtresse se montre particulièrement exigeante à leur bien-être car ils sont abondamment sollicités, font office d'éponge et récupèrent toutes les ondes, qu'elles soient positives ou négatives. Alors, à la fin de chaque journée de « travail », elle leur propose une petite séance défouloir et, pour ses chiens, un parcours d'agility qui leur permet d'évacuer les tensions. Trois fois par an, Isabelle les conduit chez un ostéopathe.
Un succès grandissant
Dans la région Rhône-Alpes, son initiative connait un succès grandissant qui lui permet de faire tourner sa « petite entreprise » à plein régime. Une douzaine d'établissements lui font confiance. Elle fait régulièrement le point avec leurs cadres de santé pour évaluer les progrès réalisés par les résidents. Tous ses contrats sont systématiquement reconduits ! Elle raconte son expérience dans un livre « Un chien raconte la médiation animale », une histoire contée par son cher Doogy, complété par une partie plus technique sur le rôle et les bienfaits de cette approche.
A lire : « Un chien raconte la médiation animale », Isabelle Robert, The book édition, 2012, 9 €.