Côte d'Ivoire: situation sur les personnes handicapées
Par Christophe KOFFI
ABIDJAN, 30 nov (AFP) - Les personnes handicapés de Côte d'Ivoire dénoncent leur "marginalisation de plus en plus accentuée" provoquée par l'absence de cadre juridique et de structures favorisant leur insertion.
Regroupés au sein de l'ONG "Vivre debout", les handicapés qui préparent la "journée mondiale de la personne handicapée" organisée chaque année le 3 décembre, souhaitent que le décret d'application d'une loi d'orientation en leur faveur, votée en 1998, soit finalement adopté.
Cette loi accorde aux handicapés les mêmes droits à l'éducation, à la formation, à l'emploi et aux loisirs que toute personne valide.
L'OMS estime entre 800.000 et 900.000 le nombre de handicapés en Côte d'Ivoire, selon les chiffres du dernier recensement de 1980.
"Ces chiffres sont inférieurs à la réalité parce qu'on ne dispose pas de statistiques récentes", souligne Thomas Houdy, directeur de programme de
Handicap International Belgique, qui estime à près de deux millions leur nombre total dans le pays.
"Les personnes handicapées ont trop souvent honte, ne trouvent pas d'emplois et ne sont pas insérées dans la société", déplore-t-il, avant de
plaider pour une "grande sensibilisation pour faire connaître leur situation".
"Nous sommes dans une situation où les structures n'existent pas en terme de prise en charge des patients handicapés. Aujourd'hui une personne
handicapée dans un quartier périphérique d'Abidjan n'a probablement aucune idée de ce qui existe comme opportunité", souligne-t-il.
"La Journée mondiale sera une occasion d'expliquer à la société civile que la personne handicapée est une personne normale, qui a le droit de vivre, de travailler et d'être insérée dans la société", estime Aboudramane Coulibaly,
vice-président de "Vivre debout".
Trois heures d'émissions-débat à la télévision nationale vont marquer cette journée afin d'expliquer les activités de l'ONG.
Koné Oumar, recordman mondial du 800 mètres dans la catégorie "handisport", ne manquera pas l'occasion pour dénoncer son "malheur".
Ce champion ivoirien a perdu son titre mondial parce qu'il n'a pu effectuer cette année le déplacement en Nouvelle-Zélande pour cause de "restriction budgétaire".
"Nous sommes abandonnés à notre propre sort, j'ai perdu mon titre bêtement", se plaint M. Koné, handicapé des deux jambes.
Pour mieux prendre en charge les patients, "Vivre debout" a construit en 2001 dans l'enceinte du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Yopougon, à Abidjan, un centre de réadaptation grâce à un financement de l'Union européenne et de la Belgique. Ce centre cherche à compenser le manque d'appareillages orthopédiques de patients victimes de handicap ou d'amputation.
"Nous avons une assistante sociale qui se déplace, qui va voir les handicapés pour leur expliquer que le centre existe", précise M. Houdy.
Toutefois, les responsables de l'ONG s'attendent à un accroissement du nombre d'handicapés après les affrontements entre bandes armées qui se sont
multipliés depuis le déclenchement de la guerre civile en Côte d'Ivoire, en septembre 2002.
"La période difficile que traverse la Côte d'Ivoire depuis plusieurs années a dû augmenter le nombre de patients qui auraient besoin d'être appareillés", estime le Dr Coulibaly.
"Il est évident que nos confrères humanitaires nous font part d'un certain nombre d'opérations chirurgicales qui vont évidemment entraîner des
handicaps", précise-t-il.
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