Plus d'un jeune sur trois serait victime de discriminations ou de harcèlement dans le cadre de sa recherche d'emploi ou de sa carrière alors que cela ne concerne qu'une personne sur cinq en population générale*. C'est la conclusion du Défenseur des droits qui a décidé, en 2021, de consacrer son 14e baromètre à la jeunesse. La Défenseure des droits, Claire Hédon, alerte sur « l'ampleur des discriminations et leurs conséquences délétères ». Les critères les plus cités sont le sexe (27 %), l'âge (23 %), l'apparence physique (22 %) et l'origine (16 %). Sur 18 critères, le handicap n'arrive qu'en 15ème position avec 6 %, et l'état de santé en 11è avec 10 % mais il faut tenir compte du fait que, parmi les sondés, seuls 17 % ont déclaré un problème de santé ou de handicap. Rappelons que, depuis quatre ans, les saisines du Défenseur des droits placent le handicap en tête des motifs de discriminations dans la population générale, dans tous les champs de la vie quotidienne et pas seulement en emploi (article en lien ci-dessous).
Des attitudes hostiles
Dans un contexte de flexibilisation du travail et de forte précarité sociale des jeunes, ces discriminations s'inscrivent dans un continuum d'attitudes hostiles, allant de propos et comportements stigmatisants à tout un éventail de situations de dévalorisation professionnelle ; ainsi, en 2021, près de 90 % des 18-34 ans déclarent avoir déjà connu une telle dévalorisation. Ils font principalement face à trois situations hostiles : la sous-estimation de leurs compétences, être mis sous pression pour en faire toujours plus, se voir confier des tâches inutiles et ingrates. Ces « micro-agressions » peuvent se doubler d'incitations ou de pressions illicites de la part de l'employeur, par exemple incités, lors d'un entretien, à modifier leur apparence ou à adopter un certain comportement (pour 50 % d'entre eux). Au total, 60% disent avoir été stigmatisés lors d'un entretien.
Quel recours ?
Plus de quatre jeunes sur dix n'ont alors rien dit, n'ont entrepris aucune démarche ; ce silence concerne particulièrement les femmes. Pourtant, ces discriminations peuvent avoir des effets durables et délétères sur la carrière, la santé et les relations sociales de ces jeunes, catégorie de la population particulièrement touchée par la crise sanitaire actuelle. C'est aussi le risque d'une perte de confiance dans l'avenir professionnel. Rappelons qu'un dispositif de signalement existe : la plateforme antidiscriminations.fr lancée en février 2021 par le DDD, dotée d'un numéro de téléphone (39 28) et d'un module de tchat en ligne (article en lien ci-dessous).
La lutte contre les discriminations est « l'un des axes de travail majeur de (son) mandat », assure Claire Hédon. Elle recommande aux employeurs d'enquêter pour mieux identifier les risques discriminatoires à l'encontre des jeunes salariés, d'élaborer des actions de prévention et de lutte dans ce domaine et de sensibiliser l'ensemble du personnel et les recruteurs.
* Enquête menée avec l'Organisation internationale du travail (OIT) auprès d'un échantillon représentatif de la population de jeunes actifs de 18 à 34 ans (3 201 personnes).