Avec une certaine « nostalgie », je me remémore les multiples rendez-vous où je dois convaincre, un an avant le lancement de Handicap.fr, les premiers partenaires pour financer sa version initiale. « Oui, mais combien de personnes se servent d'Internet ?, me répond-on. Sur quel modèle économique vas-tu te baser ? Quelle est la promesse faite à celles et ceux qui consulteront le site ? Comment s'inscrire dans le temps long ? »
Un media indépendant
Sur le premier point, je disposais de statistiques de projection de l'utilisation d'Internet pour affirmer l'importance de ce nouveau mode de communication dans les années futures. Son développement rapide clôtura le débat.
Quant à la seconde question, « quel modèle économique ? », elle est cruciale, surtout pour un média indépendant qui, dès le départ, a fait le choix de ne jamais demander aucun financement public. Nous devions être innovant, en tenant compte des besoins, des évolutions technologiques, des opportunités pour créer de nouveaux services digitaux ; ce fut le cas, entre autres, dans le domaine des aides techniques, de l'emploi... Parfois, il a fallu se muer en organisateur d'événements ou en agence digitale.
Dernier point, notre raison d'être, qui n'a jamais changé : informer l'ensemble de la société sur le handicap, donner la parole aux personnes concernées, faire tomber les préjugés.
Handicap.fr est reconnu dans le paysage de la presse numérique française. D'une part par notre audience puisque, chaque année, près de neuf millions de visiteurs uniques consultent nos pages, d'autre part par la profession puisque notre media est agréé par la Commission paritaire de la presse, nos journalistes étant tous titulaires d'une carte de presse.
En mode start-up !
Ensuite, comment rester pérenne ? Comment être toujours pertinent, innovant, dynamique ? Handicap.fr est né à une époque où les réseaux sociaux n'existaient pas, la vidéo « on demand » balbutiait, les podcasts n'en parlons pas, on se « battait » avec Flash (pour les Boomers), les Forums (quelques-uns survivent encore)... Le plus amusant, c'est que quasiment personne n'imaginait consulter Internet depuis son téléphone dans un avenir proche…
Et que dire des évolutions technologiques sur la programmation informatique, de l'accessibilité, du design, de la cybersécurité, de la législation… En vingt ans, nous avons reconstruit sept fois le site !
Nous sommes restés en mode « start-up » ; rien n'est acquis, être toujours en veille et sans cesse innover, sans jamais oublier le sens de notre action. Durer dépend de notre travail, de nos engagements, avec l'ambition d'éclairer la société. Nous avons aussi une conviction simple : avec les bonnes personnes, tout est possible. Ce sont les équipes passées et actuelles qui ont fait et font Handicap.fr. Je salue ces femmes et ces hommes engagés ! Certaines sont là depuis plus de dix ans (Emmanuelle Dal Secco, notre rédactrice en chef depuis 14 ans, et Violaine Grenier, responsable du back-office depuis 17 ans). Bravo à tous.
A mes complices...
J'en profite pour faire un clin d'œil aux deux complices qui partagent cette belle aventure à mes côtés : Olivier Courtois, fidèle CTO (directeur technique) depuis 21 ans, qui dessinait des vitraux de cathédrale tandis que je lui expliquais ma vision de Handicap.fr en lui montrant un exemple de site américain sur la boxe anglaise, et Nicolas Bissardon, 18 ans de camaraderie née dans un mix de chants grégoriens et de rap. Ils se souviendront...
Je terminerai en remerciant celles et ceux qui, depuis vingt ans, nous font confiance. Aux premiers d'entre eux, vous, nos chers lecteurs, et tous nos partenaires. Vous donnez vie, chaque jour, à Handicap.fr !
Gilles Barbier, directeur de Handicap.fr