* Comité paralympique et sportif français
50 kilomètres, c'est la distance moyenne que doit parcourir une personne en situation de handicap pour s'adonner à un sport qui lui convient. Si la pratique des activités physiques est un droit pour tous, elle semble relever davantage de la « chance » pour nombre de sportifs ayant des besoins spécifiques. En effet, en 2023, seul 1,4 % des clubs se dit en capacité de les accueillir. Pour changer la donne, le Comité paralympique et sportif français (CPSF), soutenu par l'Etat, a lancé le programme « Club inclusif », en décembre 2022 (Lire :3000 clubs inclusifs pour développer la pratique handisport). Objectif ? Sensibiliser 3 000 clubs d'ici fin 2024, puis leur donner les clés d'un accueil adapté. A un an des Jeux paralympiques, le CPSF intensifie son message via une campagne de communication.
Un accompagnement personnalisé de 6 mois
Le programme « Club inclusif » à destination des clubs sportifs, qui se veut « simple à mettre en œuvre » se divise en deux parties. La première, théorique et pratique, offre une approche initiale à l'accueil de personnes en situation de handicap. Réalisée par les représentants des mouvements handisport, sport adapté et le CPSF, « elle n'élude aucune dimension du sport handicap », assure le CPSF dans un communiqué. « Connaissances transversales, échanges, rencontres du public… sont au menu de cette partie qui comporte des modules spécifiques aux dirigeants associatifs et aux encadrants sportifs. » Un accompagnement personnalisé et individualisé de six mois est ensuite réalisé par des acteurs de proximité. Il repose sur trois thématiques majeures : la mise en place d'un ou plusieurs créneaux de pratique (dédiés ou partagés), la recherche de pratiquants et celle de financements et d'équipements.
Collectivités locales mobilisées
Club inclusif s'adresse également aux collectivités locales qui souhaitent développer l'offre de pratique para sportive sur leur territoire, ainsi qu'aux personnes handicapées désirant la voir se diversifier. Les collectivités doivent prendre contact avec le CPSF via le site web dédié, puis définir les dates de session de formation. Les clubs sportifs sont invités à consulter le planning des formations sur ce même site et à s'inscrire. A la fin de l'année 2023, 70 sessions de formation auront été réalisées, soit 700 clubs formés. « A noter qu'il n'y a pas de coût pour le club, la participation au programme est prise en charge par la collectivité locale et le CPSF », indique ce dernier.
Casser les barrières
Grégory Caiazzo, co-directeur de l'école de sauvetage côtier méditerranéenne, a participé à la première session soutenue par le département des Bouches-du-Rhône. L'enseignement majeur qu'il en a tiré ? « Finalement, nous nous mettons nous-mêmes des barrières. » « Le chargé de mission qui m'accompagnaitm'a dit dès le premier jour : 'Tu es éducateur sportif, quand un enfant fait un caprice ou est fatigué, tu sais t'adapter, alors pourquoi tu ne sais pas le faire face à un enfant en situation de handicap ou à qui il manque une jambe ? C'est que tu n'es pas si bon que ça comme éducateur'. Il avait raison. C'est une première barrière qu'il a cassée en quelques minutes », poursuit-il enjoignant ses pairs à « s'engager humainement ».
Une campagne pour intensifier la sensibilisation
Chaque visuel de cette campagne adresse un message différent. « Laura a beaucoup de chance. Elle n'a pas fait 50 km pour rejoindre son club. Pour que tout ne repose plus sur la chance, collectivités, renforcez le nombre de clubs inclusifs sur votre territoire » (vidéo ci-dessus). De son côté, Dylan « n'a pas été rejeté parce qu'il est déficient intellectuel ». Quant à Sophie, amputée, « elle pratique son sport comme les autres. ».
Héritage des Jeux de Paris 2024, « le dispositif Club inclusif doit être un levier déterminant pour le développement des parasports en France », enjoint Marie-Amélie Le Fur, présidente du CPSF.