Diversité, handicap : la télé reste un miroir déformant

La représentation de la diversité de la population française à la TV s'est un peu améliorée mais reste très éloignée de la réalité surtout en matière de handicap, selon le CSA. Les "citoyens déclassés" réclament davantage de visibilité...

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Par Frédéric Pouchot

Chaque année la même rengaine… Depuis 2009, le Conseil supérieur de l'audiovisuel décortique les programmes (tous genres confondus) d'une vingtaine de chaînes durant deux semaines (article complet en lien ci-dessous). Et, sur les 1 450 heures étudiées, il s'est intéressé aux 37 100 personnes qui apparaissaient à l'écran. Parmi les principales conclusions de son « Baromètre de la diversité » 2018, le CSA note un « effort » en ce qui concerne la représentation de la diversité des origines mais « aucune amélioration » du côté du handicap. En effet, seules 0,7 % des personnes présentes à l'écran sont en situation de handicap alors que 12 millions de Français ont un handicap durable ou provisoire selon l'Insee. Même constat pour les personnes en situation de précarité (0,7 %), un niveau « très éloigné de la réalité ».

Un effet Gilets jaunes ?

Pour Mémona Hintermann-Afféjee, la conseillère du CSA en charge du dossier, au-delà de ce baromètre, « il y a une réelle prise de conscience des chaînes » de la nécessité de mieux refléter la population, dans leur propre intérêt, mais il faut qu'elles passent à l'action. A cet égard, le mouvement des « gilets jaunes », dans lequel s'exprime « une quête d'une représentation plus respectueuse » de citoyens présentés comme déclassés par les médias, pourrait aider à faire bouger les choses, a-t-elle espéré devant la presse. Le CSA, a-t-elle aussi rappelé, « ne dispose juridiquement d'aucun pouvoir coercitif en matière de diversité », et faute de pouvoir sanctionner les situations les plus criantes, les améliorations reposent sur le bon vouloir des chaînes.

Un bilan néanmoins positif

La conseillère du CSA, journaliste et ancien grand reporter à France 3, dont le mandat au sein du « gendarme » des médias se termine à la fin du mois de janvier, tire cependant un bilan positif du baromètre. Contesté à sa création en 2009, il s'est imposé depuis comme « un instrument très utile », selon elle. Cet outil s'est notamment étoffé au fil des ans, en s'enrichissant, par exemple, de données sur la précarité et, depuis l'an dernier, sur le lieu de
résidence.

Lobbying des chaînes

Le CSA dispose des données chaîne par chaîne mais s'abstient de les publier « pour ne fâcher personne », le régulateur privilégiant le dialogue avec les groupes audiovisuels, explique la conseillère, personnellement favorable à ce qu'elles soient un jour rendues publiques. A ce propos, Mémona Hintermann-Afféjee a regretté qu'une loi de janvier 2017, qui a révisé les missions du CSA sur ces questions, ait été, au terme d'un lobbying du secteur, vidée d'une disposition qui aurait obligé les chaînes à publier des indicateurs en matière de diversité. « Le régulateur fait son boulot et le CSA est allé le plus loin possible », estime-t-elle. Tout en prévenant que, « faute d'une volonté politique au plus haut niveau, on risque de continuer à vivoter » sur ces problématiques.

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