Marie-José Duqueyroix et son époux ont rendu leur carte d'électeur. C'était le 27 mars 2017, à 11h, en mairie de Roussillon (Isère), en présence de leurs proches, d'un journaliste du Dauphiné libéré (photo ci-dessous) et même de certains élus. Une révoltée !
Empoisonnée sur son lieu de travail ?
A 65 ans, cette ex-salariée de la communauté de communes du Pays roussillonnais cumule les handicaps : œdèmes, troubles respiratoires, auditifs et visuels, sensibilité aux ondes électromagnétiques, douleurs incessantes… La faute à des produits chimiques sur son lieu de travail, auxquels elle dit avoir été exposée de 2006 à 2010, sans que son employeur, malgré de nombreuses alertes (chocs anaphylactiques, éruptions cutanées, nausées et maux de tête violents), ne s'en inquiète. Les médecins lui donnaient un an à vivre ; elle tient bon depuis quatre. « On nous a empoisonnés, martèle-telle. » « Nous » car, selon elle, certains de ses collègues ont continué à inhaler ces substances jusqu'en 2014.
Mille lettres, pas de réponse
La Fonction publique refuse malgré tout de reconnaître ses symptômes comme maladie professionnelle. Marie-José doit survivre avec 500 euros par mois, comptant sur le soutien financier de son mari, pourtant en droit de prendre sa retraite depuis trois ans. Marie-José a frappé à toutes les portes, écrit au Défenseur des droits, à Manuel Valls, alerté les medias, déposé des plaintes… En vain. Mille lettres adressées à nos sénateurs, députés français et européens, pour deux ou trois réponses. En dépit de symptômes bien réels, on dit d'elle qu'elle a des « troubles graves anxieux et troubles de conversion » ; les portes se referment les unes après les autres. Le président de son ex-communauté de commune a toujours refusé de la recevoir. Selon elle, « il a laissé pourrir mon dossier avec des éléments qui l'accablaient ». Marie-José décide d'entamer une grève de la faim mais elle si fragilisée que cette décision mettrait sa vie en danger.
A quoi bon voter ?
Parce la République n'a pas fait son job, elle a décidé de la renier… « Nous sommes les oubliés de ce système alors à quoi bon voter ». Mme Duqueyroix a même envoyé une lettre à tous les candidats à la présidentielle ; « une seule » lui a répondu, l'invitant, via quelques phrases de propagande, à voter pour elle. « L'immobilisme de toutes ces responsables, nos élus... C'est compréhensible que les Français ne supportent plus les hommes politiques », écrivait-elle au Défenseur des droits en novembre 2015. « C'était très difficile pour mon mari de rendre sa carte d'électeur, confie Marie-José, mais il fallait un acte symbolique fort. » Elle explique que le personnel de la mairie a été « très surpris ». « Ils ne savaient pas quoi faire ; c'était la première fois qu'ils étaient confrontés à une telle situation. » Sa fille est allée ensuite rendre sa carte dans sa propre mairie. A travers cet acte symbolique, à quelques semaines des élections, tous trois entendent dire leur défiance à l'égard du système et des politiques…
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