10 lauréats pour la 4ème édition des Trophées de l'accessibilité, le 14 mai à Paris. Ils ont fait le pari de l'inclusion, et ça marche. Des rires et coups de gueule devant un parterre de personnalités pour cette question éminemment universelle…
C'est en langue des signes que la maîtresse de cérémonie a animé la soirée. Sophie Vouzelaud, dauphine de Miss France 2007, sourde de naissance. Tout un symbole pour cette 4ème édition des Trophées de l'accessibilité, organisés par l'association Accès pour tous, qui a pour but de valoriser des initiatives exemplaires et de contribuer à améliorer l'autonomie et l'accessibilité des personnes en situation de handicap.
De l'humour au rendez-vous
Le 14 mai 2014, dans l'amphithéâtre de l'université Paris-Dauphine, ils sont venus, ils sont tous là. Un défilé de personnalités, membres d'associations, présidents mais aussi prince ou personnalités comme les humoristes Isabelle de Botton, Thierry Beccaro ou encore Gérald Dahan qui y va de sa petite sentence : « J'ai une pensée émue pour tous ceux qui sont handicapés et ne le savent pas… » Pas une « personnalité handicap » ne manque à l'appel. Y compris Philippe Croizon, en duplex depuis le Poitou.
« Festival de mes cannes »
Xavier Gallin, initiateur de cet évènement, doit donc lutter de pied ferme pour rester dans le timing face à cette assemblée bien inspirée où chacun a forcément son mot à dire, et pourquoi pas quelque phrase à laisser à la postérité. Celle d'Adda Abdelli, par exemple, scénariste et acteur de la mini-série Vestiaires, arrivant comme à l'accoutumée tout vaillant sur ses deux cannes, qui déclare : « Ici, c'est pas le Festival de Cannes mais c'est plutôt celui de mes cannes. » Il reçoit à l'unanimité le trophée du trublion le plus déjanté.
Des coups de gueule
Des coups de gueule aussi. Celui d'Edouard Braine, ancien consul de France à Londres, l'un des très rares diplomates en situation de handicap, activiste en fauteuil roulant. Il hue le représentant de la ville de Paris pour son manque d'accessibilité, avant de lancer quelques hourras à Grenoble, récompensée ce soir-là, il est vrai considérée, dans le dernier baromètre de l'APF, comme la ville la plus accessible de France. Et lorsque le micro lui est tendu, il en remet une petite couche : « C'est difficile lorsqu'on est ambassadeur de dire du mal de son pays mais c'est nécessaire, et la France a 50 ans de retard. Il est plus facile d'être handicapé à Londres qu'à Paris ». Ségolène Neuville, nouvelle secrétaire d'Etat aux personnes handicapées, n'en perd pas une miette. C'est à elle que revient le privilège de conclure la soirée.
Appelés à disparaître ?
Le jury de cette 4ème édition des Trophées de l'accessibilité 2014, cette année présidé par Agnès-Marie Egyptienne, secrétaire générale du comité interministériel du handicap, a récompensé dix initiatives (liste ci-dessous). Souhaitons bonne chance à tous les lauréats. Mais souhaitons surtout à ces Trophées de l'accessibilité de cesser d'exister. Car, dans l'idéal, il faudrait que ce qui est aujourd'hui remarquable devienne d'une indispensable banalité…
Les 10 lauréats 2014 des Trophées de l'accessibilité
• « Conseil d'enfants et de jeunes ». Celui de Schiltigheim (67) pour son animation sur le thème handicap visuel, auditif, moteur… Une mention spéciale est attribuée à celui du Lamentin, Martinique (97) pour son action de sensibilisation lors du carnaval du Lamentin.
• « Accessibilité et emploi ». L'association ARPEJEH, à Paris, pour son accompagnement des élèves et étudiants en situation de handicap dans leur parcours de formation et la construction de leur projet professionnel, en interaction avec le monde de l'entreprise.
• « Produit accessible à tous » (ex-aequo)
L'association « Les habilleuses », à Fécamp (76), pour la création et l'adaptation de vêtements accessibles aux personnes handicapées et pour la mise en œuvre d'une « alter fashion-week », 1er salon « Mode et handicap ».
L'association « Signes de Sens », à Lille (59), pour son concept d'application Muséo+ qui aide les enfants de 6 à 12 ans, y compris sourds ou autistes, à découvrir les œuvres d'un musée à travers jeux interactifs et explications en vidéo.
• « Tourisme et handicap ». Le Musée du château à Mayenne (53), véritable référence pour ses structures, qui permet à tous un accès au patrimoine, à la culture et à l'histoire du territoire.
• « Petites structures touristiques ». Les « Gîtes Bon Air », à Saint-Flour (15) pour ses chalets accessibles à toutes les déficiences et intégrés dans une démarche prenant en compte le contexte environnemental.
• « Accessibilité du cadre bâti public privé ». Atelier Ankel Architecture, à Montpellier (34), pour son projet d'aménagement de l'Ecole nationale supérieure d'architecture de Montpellier.
• « Inclusion et mixité ». Association « Au foin de la rue », à Saint-Denis-de-Gastines (53), pour l'intégration de tous aux festivals de plein air.
• Trophée de l'accessibilité décerné par le Conseil de l'Europe. L'opéra d'Oslo, en Norvège, pour la consultation citoyenne engagée au moment de sa construction pour s'assurer que le bâtiment répondait aux bons critères d'accessibilité.
• Trophée d'honneur. Association Jaccede qui, chaque année, mobilise des milliers de citoyens sur le terrain pour tester l'accessibilité des commerces.