L'accès des enfants handicapés aux centres de loisirs devrait être érigé au rang de "grande cause nationale", a plaidé le 14 décembre 2018 la mission nationale chargée de cette question, remettant une vingtaine de propositions à la secrétaire d'État Sophie Cluzel et au Défenseur des droits Jacques Toubon.
Carence de l'offre
Les enfants en situation de handicap, âgés de 3 à 11 ans, représentent 1,9% de leur classe d'âge, mais seulement "0,28% de la fréquentation au sein des 33 000 accueils de loisirs périscolaires et extrascolaires", déplore la mission installée il y a un peu plus d'un an. "Cette carence de l'offre d'accueil entraîne de lourdes conséquences" pour les parents d'enfants handicapés, "notamment sur leurs capacités à maintenir leur emploi", en particulier les femmes. "En plus de quarante années de politiques en faveur des personnes handicapées", cette question n'a jamais fait l'objet "d'une réelle stratégie de nature à mettre en mouvement l'ensemble des acteurs concernés", relève la mission dans son rapport.
Des subventions pour leur accueil
En outre, "trois éléments principaux freinent les capacités d'adaptation des accueils de loisirs", à savoir "la qualification professionnelle, le turn-over des équipes et les taux d'encadrement", trop faibles au regard des "besoins d'accompagnement spécifiques" des enfants handicapés. Face à ces constats, la mission propose en premier lieu de lever les freins financiers, notamment en subventionnant davantage les structures accueillant des enfants handicapés, pour un coût supplémentaire de 24 millions d'euros en moyenne par an pour les caisses d'allocations familiales (Caf). Elle suggère également de déployer des "pôles d'appui et de ressources" mettant en relation parents et lieux d'accueil "en fonction des besoins identifiés sur les territoires".
20 mesures sur la table
Engager les organisateurs des centres à détailler, "dans leur projet éducatif, les modalités d'accueil des enfants" handicapés, "mettre en place un appel à projets dans chaque département" pour développer l'offre d'accueil "en direction des adolescents et jeunes" handicapés, ou encore "définir au niveau national une réelle stratégie de formation" font partie des 20 mesures mises sur la table. Dans un communiqué, le Défenseur des droits a salué "un rapport utile pour le quotidien des familles". "L'accès de tout enfant aux loisirs est un droit fondamental consacré par les conventions internationales (CIDE et CIDPH) et constitue une obligation nationale", a-t-il rappelé. "Refuser l'accès d'un enfant aux activités de loisirs en raison de son handicap peut être constitutif d'une discrimination", a-t-il insisté.