L'aide à domicile auprès des publics fragiles en France est "un système à bout de souffle à réformer d'urgence", alertent le 2 juillet 2014 deux sénateurs dans un rapport qui préconise de réformer la tarification et faire progresser les conditions de travail pour renforcer l'attractivité du secteur. La situation financière des 8 500 structures (associatives, publiques ou privées) qui emploient quelque 550 000 salariés, intervenant auprès des personnes handicapées, âgées ou en perte d'autonomie, est pour un grand nombre d'entre elles "exsangue".
Salariées précaires
Tel est le constat dressé par les sénateurs Jean-Marie Vanlerenberghe (UDI-UC, Pas-de-Calais) et Dominique Watrin (CRC- Pas-de-Calais), qui expliquent ces difficultés financières par des tarifs extrêmement variables selon les départements et "globalement insuffisants pour couvrir l'ensemble des coûts supportés par les structures". "Tant que les coûts de nos services ne seront pas reconnus, nous sommes contraints à des diminutions d'activités", soulignait d'ailleurs la veille, dans un communiqué, la fédération Adessa à Domicile, l'une des plus importantes du secteur. "La situation des salariés est elle aussi préoccupante", pointent les sénateurs dans leur rapport, dénonçant temps partiel, absence de qualifications, manque de reconnaissance sociale, conditions de travail dégradées... Seulement 40% des intervenants - la quasi-totalité sont des femmes - ont un diplôme et 70% travaillent à temps partiel, ont-ils rappelé. Ces salariées sont dans l'ensemble "faiblement rémunérées".
Les préconisations des deux députés
Pour remédier à cette situation, les deux sénateurs proposent de revoir la tarification et d'établir un tarif national de référence, le surcoût qui en résulterait pour les départements étant compensé par l'Etat. Et, pour renforcer l'attractivité du secteur, ils prônent la mise en place de formations et une réforme des diplômes. "L'aide à domicile reste aujourd'hui trop souvent considérée comme une forme d'aide-ménagère améliorée", ont-ils souligné. Les sénateurs ont chiffré le coût de leurs propositions entre 300 et 500 millions d'euros pour l'Etat, qui viendraient s'ajouter aux dépenses déjà prévues par le projet de loi sur l'autonomie des personnes âgées.
Dans ce projet de loi, centré sur le maintien à domicile, qui sera débattu au Parlement à la rentrée, le gouvernement a notamment prévu de consacrer 375 millions d'euros par an à une revalorisation de "l'APA" (allocation personnalisée à l'autonomie) à domicile. Les deux auteurs du rapport espèrent que le texte pourra être amendé à l'automne 2014 avec une partie de leurs propositions.