APAJH : 50 ans de combat, ça se fête !

50 ans que l'Apajh mène la bataille pour l'inclusion des personnes handicapées. L'occasion d'un anniversaire en rose pourpre : rose pour les progrès indéniablement réalisés, pourpre pour une conjoncture qui fait débat. Bougies à l'odeur de soufre?

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50 ans tout ronds ! La fédération des Apajh a fêté, le 10 décembre 2012, son demi-siècle à l'Assemblée nationale (pas dans l'hémicycle mais dans les salons de l'hôtel de Lassay). Invitée, et parrainée comme il se doit par un député, en tant qu'association œuvrant pour le bien public ! Les anniversaires se fêtent sous les ors de la République, derrière des rideaux feutrés, mais dehors se joue une toute autre réalité. C'est pourquoi, depuis cinq décennies, l'Apajh s'est imposée comme l'une des principales associations militantes « tous handicaps » en France (32 000 personnes accompagnées dans plus de 630 structures employant 14 000 collaborateurs). A cette occasion, un film du cinquantenaire passe en revue les grands engagements de l'association tandis qu'un livre « Apajh, 50 ans de combat » a été édité, véritable leçon d'histoire sur le handicap.

Debout et combattante


Depuis le début des années 60, des évolutions majeures ont ébranlé nos archaïsmes et nos certitudes en matière de perception du handicap, portées par l'APAJH, par d'autres... Ses militants ont vu voter bien des lois, celles de 1975, de 1987 puis de 2005. Peu à peu, le handicap est passé d'un regard charitable à une vision plus inclusive et citoyenne, même si elle s'avère encore mille fois perfectible. Selon Roselyne Bachelot, « Cette association est toujours en avance d'un combat. C'est une lucidité précieuse pour les politiques. » Alors, l'Apajh, cette vaillante quinqua, entend bien rester debout et combattante, quels que soient les pouvoirs. Jean-Louis Garcia, son président, le scande avec détermination : « Nous resterons des aiguillons. Il ne faut pas que les pouvoirs publics s'endorment, même si, depuis cinquante ans, les réponses se sont évidemment enrichies. » Mais il faut aujourd'hui en apporter de nouvelles, sans cesse. « Les décisions prises il y a vingt ans ne sont plus adaptées à la situation actuelle, poursuit-il. Nous avons besoin d'imaginer, d'inventer, d'innover, à l'extérieur comme à l'intérieur de l'Apajh. Dans ce contexte, notre association se doit d'être toujours « ambitieuse ». Rien ne doit l'arrêter, et elle ne doit rien s'interdire, tandis que la solidarité nationale doit aussi jouer son rôle. » Et de revenir sur quelques dossiers peu ou mal traités comme l'autisme ou la situation des adultes polyhandicapés.

Promoteur de l'accessibilité universelle


Dans une conjoncture financière difficile, où chaque centime semble être reproché à celui qui le perçoit, même lorsqu'il s'agit des plus démunis, il est bon de rappeler que toutes les actions entreprises en faveur de la « minorité » de personnes handicapées profitent en réalité au plus grand nombre. Qui n'a jamais maudit les escaliers du métro après une journée de travail, n'a jamais opté pour la rampe d'accès avec sa valise, n'a jamais appuyé sur le bouton de sa télécommande (conçue à l'origine pour les personnes dans l'incapacité de se déplacer) ? C'est ce qu'on appelle le principe « d'accessibilité universelle ». L'Apajh se saisit évidemment de ce concept et en fera le thème de son congrès en 2014.

Handicap, réflexe ordinaire


Mue par cette ambition, elle ne souhaite pas seulement se présenter comme une association de personnes handicapées ou de leurs familles et espère une mobilisation massive de la société toute entière, prône des établissements ouverts sur la ville, en toute transparence et pas reclus dans des déserts. Elle revendique le droit au travail pour tous ceux qui le peuvent, mais aussi une vie culturelle, dans la cité, avec la possibilité de faire avec les autres. Banaliser la prise en compte du handicap jusqu'à devenir un réflexe ordinaire... Pour que plus jamais un chauffeur de bus de la ligne 39, à Paris, ne somme Maudy Piot, présidente de l'association « Femmes pour le dire, femmes pour agir », aveugle (qui témoignait lors de cette journée), de descendre de son bus parce qu'elle est accompagnée d'un chien guide, sans qu'aucun passager ne prenne la peine de la soutenir !

Créée en 1962 par des enseignants


Un colloque complétait cette journée. Intitulé « De l'intégration à l'inclusion, 50 ans de combat », il a abordé trois thématiques : un panorama de ces 50 ans d'engagement en faveur des personnes handicapées, une « Ecole adaptée à chacun et à tous » et « Vers l'inclusion », notamment dans le monde du travail. Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la solidarité et de la cohésion sociale, Maryvonne Lyazid, adjointe du Défenseur des droits, Thierry Beaudet, président de la MGEN, Jean-François Chossy, ancien député et président du groupe d'études sur le handicap à l'Assemblée nationale, avaient répondu présents, en compagnie de bien d'autres intervenants issus de la sphère professionnelle ou du milieu scolaire. Car l'école est évidemment au cœur des débats. Il faut en effet se souvenir que l'Apajh fut créée, en 1962, par des militants issus des rangs de l'Education nationale qui, s'appuyant sur trois piliers, laïcité, citoyenneté et solidarité, avaient la conviction que le handicap faisait partie du monde, tout simplement. Ils commençaient à écrire l'histoire sur de simples cahiers d'écoliers, avec la certitude, comme on le dit en imprimerie, que « la marge éclaire la page ». La marge éclaire l'Apajh ?

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