Par Catherine Fay-De-Lestrac
Cent pôles d'appui à la scolarité (PAS), constitués d'un enseignant spécialisé handicap et de personnels du médicosocial, sont en place depuis la rentrée 2024 dans l'Aisne, en Côte-d'Or, en Eure-et-Loir, et dans le Var. Le gouvernement a prévu d'en déployer 400 autres à la rentrée 2025 et d'étendre le dispositif à La Réunion, au Vaucluse, à l'Alsace et à la Meuse.
Des exemples concrets d'aide en classe
Raphaël, six ans, « avait été exclu de la cantine de son ancienne école, il n'arrivait pas à rester assis, il ne pouvait faire la sieste que dans le bureau du directeur », explique sa mère, que les enseignants ont mise en contact avec le PAS de secteur Luisant-Voves (Eure-et-Loir). « Nous avons établi avec lui un contrat de comportement. Il a aussi un séquentiel de sa journée avec des pictogrammes pour anticiper les activités », explique Camille Perrault, éducatrice. L'enfant est vu en parallèle par des spécialistes pour établir un diagnostic.
Un atelier de gestion de la colère
« Il est plus calme en classe, lève la main pour parler », se félicite Émilie Benoist, l'enseignante spécialisée. Léo, en CE2, était « violent avec les autres enfants, jetait ses affaires par terre et perturbait la classe », relate son enseignante, Laurence Lecoin. « Nous avons mis en place un atelier de gestion de la colère et établi un lien de confiance avec les parents », qui évitaient l'enseignante, explique Mme Benoist.
Une logique d'intervention rapide
Les PAS s'adressent à des « enfants à besoins particuliers », avec des difficultés de comportement ou de grosses difficultés d'apprentissage, souligne Pascale Grimoin, inspectrice école inclusive pour l'Eure-et-Loir. « On agit sans attendre, avec ou sans diagnostic de handicap. L'enseignante spécialisée et l'éducatrice cherchent des solutions en classe. Elles mettent en place des outils pour aider l'enseignant », explique-t-elle. Elles peuvent aussi mobiliser des spécialistes des troubles du neurodéveloppement : éducateurs, ergothérapeutes…
Répondre à la lenteur des prises en charge actuelles
Les PAS veulent répondre à la lenteur des prises en charge des enfants handicapés à l'école, voire leur déscolarisation : l'Éducation nationale a tendance à réduire le temps passé par ces enfants à l'école ou à les orienter vers des établissements médicosociaux. D'ordinaire, les familles doivent remplir un dossier qu'elles envoient à la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) pour obtenir une aide humaine ou technique. Examens médicaux, lourdeur administrative : la réponse n'arrive pas avant plusieurs mois. Une année scolaire perdue. « Là, l'enfant reste à l'école et les spécialistes l'accompagnent au sein de l'école », relève Mme Grimoin.
3 000 enfants accompagnés depuis septembre
Parents et enseignants saluent la réactivité du PAS, qui examine chaque semaine les nouvelles requêtes. La réponse intervient donc en une ou deux semaines. Les 18 PAS d'Eure-et-Loir ont reçu 630 saisines depuis la rentrée, selon Mme Grimoin. Le binôme (enseignante et éducatrice) prend souvent une voiture pour se rendre dans les 23 établissements qu'il couvre dans l'agglomération de Chartres : un lycée, deux collèges et les écoles élémentaires affiliées. Il a pris en charge 42 enfants depuis septembre. Quelque 3 000 enfants ont été accompagnés dans les quatre départements où les PAS ont été déployés, selon le ministère des Personnes handicapées.
Un soutien et une réactivité appréciés des parents
Les accompagnants d'élève en situation de handicap (AESH) étaient la réponse centrale de l'Éducation nationale pour compenser le handicap. Avec le PAS, c'est l'école qui se transforme pour rendre les apprentissages plus accessibles, souligne-t-on au ministère. Mais les familles peuvent aussi en parallèle déposer un dossier à la MDPH. « Le PAS a été un grand soutien pour moi. On n'est plus seul dans sa classe, je peux communiquer avec le binôme par mail et obtenir une réponse le lendemain », applaudit l'enseignante Mme Lecoin.
Une généralisation encore en suspens
Le gouvernement souhaitait généraliser le dispositif à tout le territoire pour la rentrée 2027. Mais une proposition de loi le permettant a connu un contretemps le 1er juillet, car députés et sénateurs ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur une version commune (École inclusive : la généralisation des PAS menacée?). De ce fait, le gouvernement compte faire évoluer le dispositif à la rentrée, puis trouver un vecteur législatif pour le généraliser en 2027.
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