Le 29 novembre 2016, les représentants des principales associations de défense des droits des personnes en situation de handicap avaient rendez-vous avec deux ministres : Myriam El Khomri (Travail) et Ségolène Neuville (Handicap). L'occasion de faire le point sur la situation professionnelle des travailleurs handicapés, que certains jugent alarmante, y compris Ségolène Neuville : « Le chômage des personnes handicapées est un gâchis social et économique. Ce sont autant de compétences dont nous ne pouvons collectivement nous passer. C'est pour lutter contre cet état de fait que le Gouvernement développe des dispositifs, comme l'emploi accompagné ».
Quel bilan en matière d'emploi ?
En effet, faut-il une fois encore le rappeler, leur taux de chômage est de 21%, soit deux fois supérieur à l'ensemble de la population. Ce chiffre, bien trop élevé, doit néanmoins être mis en perspective avec le fait que le nombre de travailleurs handicapés a augmenté, passant de 878 000 en 2013 à 927 000 en 2016, et que le nombre de personnes reconnues travailleurs handicapés a lui aussi connu une hausse de 700 000 entre 2011 et 2015. Par ailleurs, leur taux d'emploi s'est amélioré jusqu'à représenter 5,17% (en 2015) dans la fonction publique et 3,3% dans le secteur privé. A l'approche du Comité interministériel du handicap (article en lien ci-dessous), prévu le 2 décembre 2016 à Nancy et présidé par Manuel Valls, les ministres ont tenu à rappeler les grandes priorités politiques en matière d'accès et de maintien dans l'emploi des personnes handicapées. Quoi de neuf sur cette question ?
La formation
En premier lieu, s'impose la nécessité de leur garantir un niveau de formation leur permettant une meilleure insertion professionnelle. Les travailleurs handicapés ont directement profité du plan 500 000 formations supplémentaires. Ils étaient déjà près de 40 000 à en bénéficier en août 2016, soit une hausse d'un tiers en an. Le Compte personnel d'activité, disposition de la loi travail, permettra en outre aux publics les moins formés (dont les travailleurs handicapés font partie) de disposer de 48 heures de formation par an avec un plafond de 400 heures. Il a été convenu que les deux parties (ministres et asso) travailleraient sur l'amélioration de l'information sur l'offre de formation continue, alors que le plan 500 000 formations en facilite et en étend l'accès aux publics prioritaires.
L'accompagnement et le maintien en l'emploi
Prévu par la loi travail, le rapprochement des Cap emploi et des Sameth (Service d'appui au maintien dans l'emploi des travailleurs handicapés) au sein d'une même entité favorisera leur efficacité. Le nombre de placements en emploi a augmenté de 11% en un an, et le maintien dans l'emploi a progressé de 33% en trois ans. Selon Myriam El Khomri, « les mesures d'accompagnement vers l'emploi et de maintien dans l'emploi, portées par le Gouvernement, doivent venir conforter et amplifier une meilleure inclusion ». Lors de cette rencontre, les ministres et les associations ont convenu de travailler ensemble sur la création d'une charte de promotion de l'emploi accompagné.
L'obligation d'emploi et les mesures d'intégration à l'emploi
Le budget consacré aux entreprises adaptées a augmenté d'un quart en 5 ans, un effort conséquent en période budgétaire contrainte, permettant la création de 3 000 postes dans ce secteur. La mise en œuvre de l'emploi accompagné, consacrée par la loi travail, et dont le décret sera pris dans les prochains jours, vient répondre aux besoins des travailleurs handicapés ainsi que des entreprises, et devrait permettre d'améliorer l'insertion professionnelle des travailleurs concernés. Un bilan doit par ailleurs être dressé sur la mise en œuvre de la feuille de route issue de la table ronde du 4 février 2016 portant sur la dynamisation de la négociation collective sur le handicap.