Andy Foster a 45 ans. Il est serveur dans un restaurant de Manchester, en Angleterre, le Grenache. Un employé modèle qui a postulé parce qu'il avait besoin d'argent pour s'occuper de sa mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer. Mais Andy a cette particularité d'avoir été diagnostiqué autiste. De l'aveu de son patron, Mike Jennings, son service est irréprochable. Pourtant, début mars 2016, des clients apparemment incommodés par sa singularité se plaignent en demandant quel est « le problème de ce serveur ». Le patron se fend alors de quelques mots d'explications mais ils s'obstinent à ne pas vouloir être servis par Andy. « Pourquoi lui avez-vous donné un job ?, lui reprochent-ils. »
Un post viral sur les réseaux sociaux
Extrêmement choqué, Mike Jennings décide alors de riposter sur sa page Facebook, en dénonçant cette attitude discriminatoire. « Ici, chez Grenache, nous embauchons des personnes sur leur expérience, leur savoir-faire et leur passion pour leur travail. Pas selon leur couleur de peau, leur look, le nombre de tatouages qu'ils portent, leur corpulence, leur religion ou leur handicap. Nous ne discriminons pas ! » Et de demander, dans la même veine, à « ceux qui ont un problème avec cela de ne plus réserver de table chez Grenache. Vous ne méritez pas notre temps, nos efforts, ni notre RESPECT ! ». Cette notification sur les réseaux sociaux a été saluée en quelques jours par plus de 21 000 likes, 2 500 commentaires et près de 5 000 partages. « Beaucoup d'employeurs devraient prendre exemple sur vous, écrit un internaute. » Quant à Andy Foster, il explique qu'il est plutôt habitué à ce genre de réactions. « J'ai toujours l'impression que je dois m'excuser. J'essaie de ne pas le prendre personnellement. »
D'autres misent sur ces « gens bizarres »
Ce patron anglais n'est pas le seul à avoir accordé sa confiance à ces « gens bizarres » selon la définition pleine d'ironie qu'en fait le philosophe Josef Schovanec, lui-même autiste Asperger. En Angleterre, aux Etats-Unis, en Allemagne, de plus en plus d'employeurs décident de miser sur ces profils atypiques. En France aussi, même si cela reste plus rare. Près de Rouen, par exemple, l'entreprise Griss, spécialiste du numérique, n'emploie que des personnes autistes, trois ingénieurs jusque-là au chômage qui ne trouvaient pas d'emploi malgré leurs diplômes. Et ce n'est qu'un début. « Si on veut trouver de nouvelles solutions, il faut embaucher des gens qui pensent autrement, confie Simon Becq, son dirigeant. » En avril 2015, Microsoft annonçait également un programme d'embauche de personnes avec autisme, informaticiens le plus souvent mais pas seulement (article en lien ci-dessous).
© Grenache Restaurant/Facebook