Autisme : le Texas attaque les fabricants du Tylenol

Le procureur du Texas poursuit Johnson & Johnson et Kenvue, affirmant que le paracétamol serait dangereux pendant la grossesse et augmenterait le risque d'autisme chez le bébé. Une accusation jugée infondée par la communauté scientifique.

• Par
Le marteau de la justice posé sur le drapeau des États-Unis.

Ken Paxton, procureur général du Texas (États-Unis), a annoncé, le 28 octobre 2025, avoir lancé des poursuites contre les laboratoires américains Johnson & Johnson (J&J) et Kenvue, les accusant de « marketing trompeur » pour avoir affirmé que le Tylenol (paracétamol), leur médicament-phare, « était sans danger pour les femmes enceintes », mettant en avant des « risques d'autisme ».

Aucun lien de causalité n'a été prouvé entre la prise de paracétamol pendant la grossesse et l'autisme. Si certaines études ont suggéré la possibilité d'un tel lien, il n'a pas été avéré scientifiquement et l'analyse la plus solide à ce jour l'écarte (Vaccin, paracétamol: aucun lien avec l'autisme, assure l'OMS).

Des accusations virulentes

« Les grands laboratoires pharmaceutiques ont trahi les États-Unis en profitant de la douleur et en promouvant des médicaments sans faire cas des risques », a affirmé Ken Paxton, cité dans un communiqué, au lendemain du dépôt de sa plainte. « Ces entreprises ont menti pendant des décennies, mettant en toute connaissance en danger des millions de personnes pour se remplir les poches », a-t-il poursuivi.

Présent dans le Doliprane ou le Dafalgan comme dans le Tylenol (aux États-Unis ou au Canada), le paracétamol, ou acétaminophène, est recommandé aux femmes enceintes contre la douleur ou la fièvre, quand d'autres médicaments comme l'aspirine ou l'ibuprofène leur sont contre-indiqués, notamment en fin de grossesse.

Une bataille juridique complexe

M. Paxton accuse également Johnson & Johnson d'avoir « tenté d'échapper à ses responsabilités en se délestant illégalement de sa responsabilité juridique dans une entreprise différente ». Il fait référence à la scission opérée par J&J en février 2022 par laquelle le groupe a conservé les activités pour professionnels et a réuni les produits grand public dans Kenvue, une nouvelle entreprise indépendante et cotée à la Bourse de New York.

Contacté par l'AFP, Johnson & Johnson a souligné « que tous les droits et responsabilités associés à la vente de ces produits disponibles sans ordonnance, y compris le Tylenol (acétaminophène), étaient détenus par Kenvue ».

Kenvue se défend et alerte sur la désinformation

De son côté, Kenvue s'est dit « extrêmement inquiet de la perpétuation de la désinformation au sujet de l'innocuité de l'acétaminophène ». Dans sa déclaration transmise à l'AFP, l'entreprise assure qu'il s'agit de « l'option anti-douleur la plus sûre » pendant toute la grossesse et que, sans ce traitement, une femme enceinte risque d'avoir une fièvre potentiellement dangereuse pour elle et pour le fœtus, ou « de prendre des traitements alternatifs plus risqués ». « Nous nous défendrons avec vigueur contre ces allégations et répondrons par voies juridiques », a ajouté le groupe.

Vers 17h50 GMT, l'action Kenvue perdait 3,85 % et celle de J&J cédait 1,81 %.

Une polémique alimentée par la sphère politique

Kenvue avait chuté à Wall Street début septembre après la parution d'informations de presse assurant que le ministre américain de la Santé Robert Kennedy Jr allait lier le Tylenol au développement de l'autisme chez l'enfant. Le 22 septembre, le président Donald Trump lui-même a déconseillé le paracétamol aux femmes enceintes, l'associant aussi à un risque d'autisme élevé pour les enfants.

© Serhii Yevdokymov / Canva 

Partager sur :
  • LinkedIn
  • Facebook
  • Blue sky
  • Twitter
« Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© (2025) Agence France-Presse.Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations ».
Commentaires0 Réagissez à cet article

Thèmes :

Rappel :

  • Merci de bien vouloir éviter les messages diffamatoires, insultants, tendancieux...
  • Pour les questions personnelles générales, prenez contact avec nos assistants
  • Avant d'être affiché, votre message devra être validé via un mail que vous recevrez.